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Jour de Pâques 2018 B

Fr Irenej Siklar op

Luc 24. 13-35

Chers frères et sœurs, l’Apôtre Paul nous encourage dans la deuxième lecture à rechercher les réalités d’en haut. L’Apôtre Jean de son côté nous donne une description détaillée de la réalité d’en bas. Il nous emmène au tombeau vide où il aperçoit « des linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place ».
Pour réconcilier ses deux approches contradictoires, rappelons-nous un principe. Si on veut chercher quelque chose, il faut savoir vaguement ce qu’on cherche. Car rechercher quelque chose nécessite un mouvement ou un déplacement. En cherchant quelque chose on se met en route. Et pour ce genre de mouvement il nous faut avoir un motif. Par conséquent, si on veut répondre à l’appel de saint Paul et chercher les réalités d’en haut, il faut qu’on soit motivé. L’Apôtre Paul donne lui-même le motif quand il dit que les réalités d’en haut sont la vie du Christ ressuscité et notre vie cachée en lui. Étant donné que chacun veut vivre, on est donc déjà bien motivé. Mais comme je le disais au début, on aime réconcilier l’Apôtre Paul avec l’Apôtre Jean. Pourquoi Jean nous parle du tombeau vide, qui n’est pas forcément une réalité d’en haut ? Peut- être qu’il y trouve un motif important . L’Apôtre Jean nous amène au tombeau parce qu’il croit y trouver non pas les réalités d’en haut, c’est-à-dire la vie du Christ, mais leur trace. Saint Jean nous dit que les réalités d’en haut ont laissé dans le tombeau leur signature, l’ordre.
Si ce n’était pas les réalités d’en haut qui ont fait disparaître le corps de Jésus mais les disciples, ils n’auraient pas eu le temps de ranger le tombeau. Il a fallu agir vite afin que les soldats placés à la garde ne se réveillent pas. Les disciples n’auraient certainement pas eu de temps pour poser les linges à plat et le suaire roulé à part à sa place. Jean a donc vu une signature laissée par Jésus ressuscité, l’ordre.
Ce n’était pas pour la première fois que saint Jean a fait l’expérience du suaire et des linges.Il a déjà vu Lazare sortir de son tombeau, les pieds et les mains liés de bandelettes, avec le visage enveloppé d’un suaire. Et en plus il a assisté à leur dépouillement lorsque Jésus leur disait « Déliez-le et laissez-le aller ». Saint Jean pouvait donc comparer ces deux sorties du tombeau. En regardant les linges posés à plat et le suaire à part à sa place, il y voit un signe.
Si on reste encore chez saint Jean et qu’on lise le premier chapitre de son Évangile on trouve une autre trace utile pour connaître les réalités d’en haut. Souvenez-vous la description du Verbe de Dieu qui est venu parmi nous. Saint Jean parle de Dieu incarné comme la lumière et la vie, venus au milieu de ténèbres. Les ténèbres ne l’ont pas saisie. L’ordre dans le tombeau confirme cette image. Ce n’était ni la tempête ni l’ouragan qui sont passés par les ténèbres du tombeau, mais la lumière et la vie.
Or le signe de l’ordre dans le tombeau laisse des questions ouvertes. On peut se demander, par exemple, si Jean a osé toucher le suaire roulé et regarder ce qui est dedans. Mais il ne le dit pas. Il y trouvait une autre signature beaucoup plus personnelle,. Qui sait ? Pour chacun de nous cette fête apporte aussi un message personnel. Une petite signature du Christ Ressuscité attend chacun de nous. N’oublions pas que la vie divine, cette réalité d’en haut, veut motiver chacun de nous .
Que Dieu vous montre son visage et vous fasse penser aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. Cela servira d’un signe pour vous , comme le dit saint Paul, «vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire». Amen