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Solennité de la Nativité 2016 - Nuit - A

Frère Michel Lachenaud op

24 décembre 2016

Alléluia !
Je vous annonce une grande joie :
Aujourd’hui vous est né un sauveur qui est le Christ, le Seigneur !

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » Is 9,1-6
Dès le commencement, la Parole fait advenir le monde des ténèbres, « monde vide et vague » à la lumière, et la vie peut naître. En cette nuit de Noël, retentit cette promesse qu’une lumière va jaillir au cœur des ténèbres, que la Parole qui a fait sortir la vie des ténèbres est à nouveau au recommencement de toute chose, que la vie donnée dans un enfant « est une grande joie pour tout le peuple »
Car ce monde nous le savons bien n’est pas sorti de la nuit, les bottes des soldats martèlent le sol de tant de pays, combien de femmes et d’enfants crient leur détresse les habits tachés de sang, des peuples entiers sont soumis au bâton de l’oppresseur, et dans notre propre pays nous sommes devenus souvent indifférents à ceux qui vivent dans la rue, devant lesquels nous détournons le regard et qui sont pourtant de plus en plus nombreux. Oui notre monde est toujours dans les ténèbres, il est appelé à renaître. C’est donc à nous qui habitons le pays de l’ombre qu’est annoncée une grande lumière qui apporte la joie et prodigue l’allégresse. Cette parole de lumière vient à Noël comme un petit enfant, dont le nom est « prince de la paix ». « Ainsi la paix sera sans fin… Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers ».
Dans la nuit du monde, un chant retentit, de pauvres bergers veillant sur leurs troupeaux l’ont entendu : « Gloire à Dieu et paix sur terre aux hommes que Dieu aime ». « Un enfant vous est né ». La naissance de ce tout petit, de Jésus, touche chacun d’entre nous, elle est une source de joie pour tous, une promesse de vie meilleure et de salut. Dans la sombre nuit des hommes, une étoile lumineuse est enfin venue pour indiquer un chemin de bonheur. Les bergers l’ont emprunté avec confiance, « allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé », ils fraternisent entre eux, saluent l’enfant et rendent gloire à Dieu.
Se sentant aimés de Dieu, ils goûtent au bonheur de la paix, la vie prend pour eux un sens nouveau : ils voient clair, ils accueillent l’Enfant-Dieu, ils s’accueillent les uns les autres comme des frères.
Noël est une fête de la rencontre, de la rencontre entre Dieu et les hommes. Dieu prend les traits d’un petit enfant, faible, réchauffé par sa mère qui le tient dans ses bras. C’est le signe, de l’abaissement d’un Dieu qui se fait l’un de nous « Emmanuel ». Au milieu de la nuit, dans le silence et loin de tout, l’enfant vient au monde, sa naissance annonce ce que sera sa vie. Lui qui est né comme un sans-abri, plus tard il dira qu’il n’a pas « d’endroit où reposer sa tête ». Déposé sur les planches d’une mangeoire, il mourra sur le bois de la croix. De cette vie donnée jaillira une vie nouvelle, alors il nous appellera à le suivre et à devenir ses témoins. Un chemin est ouvert par celui qui deviendra le premier d’une multitude de frères. S’il se fait aujourd’hui l’un de nous c’est pour nous inviter ce soir à l’accueillir, donnant à qui l’accueille le pouvoir de devenir enfant de Dieu, et d’être capables de discerner des enfants de Dieu en tous ceux que nous rencontrons. Il éclaire aussi tous ceux qui participent à la recherche de la paix. Autour de nous, il y a beaucoup de bergers, d’hommes qui cherchent un signe d’espérance, une naissance dans la nuit annonçant un jour nouveau, un avenir possible.
Noël est une fête de la rencontre des hommes entre eux, c’est le moment de dire à l’autre à travers, un geste, un cadeau, une invitation qu’une vie ensemble peut se construire, c’est le moment « d’élargir l’espace de notre tente » et d’accueillir l’étranger, c’est le moment d’oublier nos disputes et de nous réconcilier les uns avec les autres. A Bethléem, des déplacés juifs de Nazareth, des bergers marginaux et plus tard des mages païens sont réunis par une naissance. Cette fête que nous célébrons, cette crèche que nous vénérons, nous interpelle sur notre façon d’accueillir les migrants, d’intégrer les exclus et de rencontrer des hommes d’autres cultures ou religions.
Que cette fête de Noël réveille en nous le goût de Dieu et le goût des autres. A la lumière de cet enfant retrouvons le chemin de la fraternité et de la paix.