Vigile Pascale 2016 - C

Frère Arnold Pawlina (Fribourg)

26 mars 2016

Pâques : un nouvelle création …
Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Et la terre était informe et nue, et les ténèbres couvraient la face de l’abîme, et l’Esprit de Dieu planait sur les eaux. C’est la première création, c’est le monde d’avant l’incarnation du Christ : informe et nu, l’abîme pleine des eaux avec les ténèbres. Ce monde n’était pas mauvais, parce qu’il était créé par Dieu, et parce que l’Esprit de Dieu était présent, c’était seulement le commencement.
Que se passe-t-il ? Mais que se passe-t-il ? Dieu a créé le monde. Comment ? Par son Verbe, c’est-à-dire par son Fils – vrai Dieu, qui est devenu vrai homme. Quand Dieu a-t-il créé le monde ? Il crée le monde toujours, mais surtout durant le Triduum pascal.
Le Jeudi Saint. Le Jeudi est le cinquième jour de la semaine et de la création. Dieu créa donc les grands poissons, et tous les animaux qui vivent et se meuvent dans les eaux, chacun selon son espèce. Et Il créa aussi tous les oiseaux selon leur espèce. Et Il vit que cela était bon. Alors Dieu a créé la nourriture. Le Jeudi Saint, Dieu a créé aussi la nourriture – le Très Saint Sacrement – l’Eucharistie. La première nourriture, donnée par Dieu dans la nature, est pour tous ; la deuxième est seulement pour les fils de Dieu, qui sont nés à nouveau grâce au baptême, et qui sont sans le péché mortel. C’est la nourriture sainte, devant laquelle les chérubins cachent leur face, la nourriture des enfants de la lumière et pas des ténèbres, comme l’Écriture et l’Église nous l’enseignent.
Le Vendredi Saint. Le Vendredi, c’est-à-dire le sixième jour de la création, Dieu créa l’homme à Son image. Il le créa à l’image de Dieu, et Il les créa mâle et femelle. Regardez la Passion du Seigneur, c’est la création de l’homme et de la femme, c’est aussi la réponse de Dieu au péché originel. Dieu crée l’homme nouveau non plus avec du limon, mais avec le corps et le sang du Christ. Quand devenons-nous une créature nouvelle, un homme nouveau ? Dans le sacrement du baptême, dans la confession sincère, par l’Eucharistie. Par ces sacrements, nous entrons dans le côté du Christ, jusqu’à son cœur. Grâce à ses sacrements, nous devenons les membres du Christ, ses branches et sarments qui portent de beaux fruits.
Le Samedi Saint. Le septième jour, Dieu a accompli l’ouvrage qu’Il avait fait. Et Il se reposa le septième jour, après avoir achevé tous son ouvrage. Le Jour du Sabbat. Le repos du Sabbat était la figure, la prophétie de la mort de Jésus. Jésus a accompli le commandement du repos sabbatique. Jésus est descendu jusqu’aux enfers, et il a fait sortir les patriarches et les prophètes, les gens qui attendaient la rédemption, qui vivaient selon la justice et la miséricorde de Dieu. Mais il y a quelque chose de grande valeur sur la terre. La foi de Marie, de la mère de Jésus. Quand tous les Apôtres, les amis, les proches du Seigneur ont perdu leur foi, même Marie-Madeleine, même Pierre et Jean, Marie seule restait fidèle à chaque mot qui est descendu de la bouche de Dieu, c’est-à-dire de son Fils. L’ancienne Eve a fait entrer l’homme dans la désobéissance, l’Eve nouvelle, Marie, nous fait entrer dans la foi. Et Dieu bénit le septième jour, et Il le sanctifia. Aussi Dieu bénit et sanctifia Marie, dans sa création, mais aussi le Samedi Saint, le jour de sa foi.
Le septième jour est la fin de l’ancienne création. Est-ce la fin ? Où est alors la résurrection ? La Résurrection est le premier jour de la création. Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut. Et Dieu vit que la lumière était bonne, et Il sépara la lumière d’avec les ténèbres. Et Dieu donna à la lumière le nom de Jour, et aux ténèbres le nom de Nuit ; et il y eut un soir et il y eut un matin, se fut le premier jour. Les premiers mots de Dieu dans l’Écriture Sainte sont : Que la lumière soit, fiat lux, et la lumière fut.
Ces trois jours –Triduum- sont à vrai dire un seul jour, le jour qui est et qui demeure : le jour de colère, le jour du duel, le jour de la puissance, le jour de la victoire, le jour de la gloire. Et comme la première création était la préfiguration de la nouvelle création, c’est-à-dire de l’Église, parallèlement l’Église est la préfiguration de la gloire céleste. L’expérience du Christ ressuscité annonce l’expérience de la vie éternelle, de la vie de tous les sauvés, de notre prochaine résurrection.
Le Christ est vraiment ressuscité ! C’est le commencement de l’Église, c’est le commencement de notre résurrection, de notre vie dans l’Esprit. Et cette vie, nous pouvons l’expérimenter déjà maintenant. Comment ? Par la foi, qui nous fait nous enraciner dans la réalité de la résurrection, par les sacrements de la foi, chacun de sept sacrements étant sorti de la Passion et de la Résurrection du Seigneur. La prière nous rend attentifs à la vie divine qui est en nous. Oui, avec le Christ, toute notre vie est remplie de la grâce de Dieu, de la vie même de Dieu.
Dans l’Église, nous sommes des créatures nouvelles, les prémices de la gloire des saints. Et si nous le sommes vraiment, il faut que cette grâce soit visible en nous. Comme disent les mots d’un très ancien hymne :
Chantons l’hymne de l’allégresse :
Enfin le jour du bonheur,
Du tombeau selon sa promesse
Jésus sort et la mort reconnaît son vainqueur.
A Jésus, dans ce jour de gloire
Chantons un cantique nouveau :
Sa victoire est notre victoire,
Et nous sortons avec lui du tombeau.
Amen.