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3ème Dimanche de l'Avent 2014 - C

Frère Jean-Charles Rigot op (Tours)

14 décembre 2014

Jean 1,6-8.19-28

Mais-tu, Jean-Baptiste ?
Je ne suis pas le Christ.
Et pourtant, il y en a déjà eu tant d’autres, tant de rois, avec David en particulier, chargés de guider le peuple au nom de Dieu. Ils ont été puissants ou faibles, fidèle ou volage. Mais un de plus, un de moins, qu’est-ce que ça changerait ?
Je ne suis pas Élie.
Mais alors pourquoi, quand Jésus disait qu’Élie doit venir et qu’il est déjà venu, ses disciples ont compris que c’était toi ? Quand tout le peuple attends le retour d’Élie, pourquoi lui refuser le réconfort de la promesse accomplie.
Je ne suis pas le prophète.
Et n’est-ce pas de toi que ton père disait : Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très- Haut ? Refuserais-tu d’accomplir ta mission ?
Je ne suis pas la lumière.
Dans cette période de trouble et d’obscurité, beaucoup en Israël viennent à ta rencontre pour y voir plus clair dans leur vie. Oserais-tu piétiner leur espérance ?
Je ne suis pas le fils de Zacharie et d’Élisabeth.
A vrai dire, c’est tout de même le cas. Nierais-tu le nom qu’il t’ont donné : Dieu fait grâce ? Mais sans doute, qu’en répétant sans cesse « Je ne suis pas », tu ouvres la possibilité à un Autre de dire « Je suis ». En refusant d’être enfermé dans une identité personnelle, tu invites à découvrir que tu n’existes que parce qu’un Autre te donne l’Être.
Oui, Jean-Baptiste, toi le fils de Zacharie le muet et d’Élisabeth la stérile, tu es la voix qui porte, qui annonce la Parole Féconde qui vient à nous ; toi qui n’es pas la lumière, tu nous ouvres les yeux et le coeur pour que nous puissions l’attendre et la découvrir.
Tu trouves ton identité ni dans ton passé, ni dans la gloire des titres que te donnent ceux qui t’attendent et te suivent, mais la fidélité simple et joyeuse à ton Seigneur. C’est de Lui que tu reçois ton existence, ta vocation, ton nom. C’est en Lui que ta vie prends tout son sens et son prix, jusqu’au bout. C’est en naissant avec Lui que tu nous apporte la connaissance, la révélation de Celui qui
vient.
Toi qui a tressailli de joie à la rencontre du Christ, réveille notre joie, rend nous capable de nous émerveiller d’un Dieu qui se donne à nous sous les traits d’un enfant, du Tout-Puissant qui se fait tout petit. Guide-nous dans le désert de notre coeur, là où seul le Verbe peut sonner et résonner pour que qu’avec nos sandales fermement nouées aux pieds, nous allions par les chemins de notre monde rendre témoignage « à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand vient nous visiter l’astre d’en haut, pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas aux chemins de la paix ».
Alors dis-moi, ma soeur, mon frère, qui te tient ici, dans cette église, toi, qui es-tu ?