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5ème Dimanche de Pâques B

Frère Antoine Odendall op

Jn 15. 1-8

Il y a quelques jours, à Chalais, je discutais avec une dame en bas des marches de l’église. Nous avions déjà parlé ensemble plusieurs fois. Elle était à l’hôtellerie depuis quelques jours et posait beaucoup de questions sur l’église, les prêtres, la prière etc…

Les sœurs le savent bien, les personnes gardent souvent les questions les plus importantes pour la fin. Au moment du départ, les bras pleins de valises, elle me parle de sa recherche spirituelle. Elle me dit qu’elle souffre des conflits entre les croyances et religions, et pense que les religions devraient être un lieu de paix et de concorde. Jusque-là tout va bien. Je pense qu’on est tous d’accord.

Puis de fil en aiguille, elle m’explique son parcours oscillant entre christianisme, sagesse orientale, islam, et m’assure qu’elle a trouvé un équilibre qui permet de croire à tout cela en même temps, tout en respectant les croyances de chacun.

A ce moment, je suis ravi pour elle, mais j’ai quand même quelques questions. Nous avions parlé ensemble de la vie après la mort. Je lui demande comment elle fait pour concilier le nirvana et le paradis ? Le nirvana c’est l’extinction du soi propre, c’est la libération du samsara pour enfin entrer dans une sorte de conscience universelle où l’homme est enfin libéré de son soi propre (le samsara est le cycle des réincarnations).

« À présent, dit saint Paul, nous voyons au moyen d’un miroir de manière obscure ; mais alors, ce sera face à face. À présent, je connais de manière partielle ; mais alors, je connaîtrai comme je suis connu ».

Pour les chrétiens, je suis en face de Dieu. Moi.  Il y a un face à face, et non une dissolution dans le grand tout.

 Alors la dame me répond que ce que je dis correspond peut être plus à ce qu’elle a pu trouver dans le Coran. Elle me dit alors que les chrétiens et les musulmans sont en fait exactement pareils mais mettent simplement des mots différents sur les mêmes réalités.

Là encore je suis ravi qu’elle ne soit pas fâchée contre les musulmans. Mais quand même. Les chrétiens croient en une relation personnelle avec Dieu. Ils veulent être en présence directe de Dieu après leur mort. Dans l’islam, ce face à face, cette mise en présence de Dieu est beaucoup moins évidente… Au ciel, mais aussi sur terre. La proximité, l’intimité avec Dieu n’est pas du même ordre.

Tout cela est très intéressant, mais où est le rapport avec la choucroute me direz-vous. Regardons donc de plus près l’Évangile d’aujourd’hui.

Il vient nous montrer la grande différence qu’il y a entre Jésus, Bouddha, et Allah !

Jésus n’est pas un maître de sagesse. Il n’est pas celui que tout le monde estime car il donne un enseignement vrai et fiable qui conduit vers le bonheur suprême. Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière. Toucher Jésus, c’est toucher Dieu. Recevoir le corps de Jésus, c’est recevoir Dieu.

Mahomet enseigne lui aussi aux hommes à se tenir devant Allah. Comme le Dieu de la Bible, le Dieu du Coran est tout-puissant, miséricordieux et juste, transcendant, omniscient… Comme le dit  la sourate Al-Baqarah (2:255),

“Allah ! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même. A lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Il connaît leur passé et leur futur. Il est le Très Haut, le Très Grand.”

Tout comme nous me direz-vous.Mais voilà, le face à face musulman laisse l’homme prosterné devant Dieu, dans la prière et l’adoration. Jésus n’est pas un simple maître de Sagesse, mais il n’est pas non plus un vis-à-vis divin inaccessible qu’il faut adorer. Il offre d’avantage, et il demande d’avantage.

Jésus est comme un immense flux de vie, qu’il ne garde pas pour lui-même. Et cette vie, il veut qu’elle devienne la nôtre. Nous devons, comme les sarments, laisser la vie même de Dieu pénétrer en nous. Si le sarment ne reçoit plus la sève de la vigne, il sèche, il n’est plus bon à rien. On l’émonde et on le jette au feu. Jésus ne se contente pas d’envoyer sa vie dans l’humanité sans se soucier de ce qu’il se passe. Il veut que nous vivions de sa vie en plénitude, que nous ayons la vie en abondance, que nous portions un fruit de vie pour sa gloire. Car la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ! Dieu ne nous permet pas de vivoter, il nous demande de vivre. Impossible de laisser une partie de notre âme sécher sans lien avec la vie qu’il envoie en nous. Depuis mon baptême, ma vie, c’est le Christ. Je suis un serment greffé à lui, et je ne peux trouver aucune autre source de vie que la sienne.

En repensant à ma discussion avec la dame. J’ai demandé à Chat Gpt de me dire si le Bouddhisme et l’Islam avaient cette idée de la vie de Dieu qui vient dans les hommes.

Voilà ce qu’elle m’a répondu : « Plutôt que de parler de la vie de Dieu, le bouddhisme met l’accent sur la réalisation de la nature essentielle de la conscience. Cependant, voici une citation qui exprime l’idée de laisser la plénitude de la vie pénétrer en nous :

“Dans la méditation, laissez votre esprit devenir comme un ciel vaste et clair, qui embrasse tout, sans se restreindre à quoi que ce soit.” – Ajahn Chah

Je ne suis pas très convaincu. Peut être que Chat GPT peut mieux faire avec le Coran. Voici sa réponse ;« Dans le Coran, la notion de laisser la vie même de Dieu pénétrer en nous est souvent exprimée à travers des concepts tels que la soumission à la volonté de Dieu (Islam) et l’obéissance à Ses commandements. Une citation du Coran qui exprime cette idée se trouve dans la sourate Al-Anfal (8:24) : “Ô vous qui croyez ! Répondez à Allah et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la vie »

Demandons donc pour finir à Chat GPT un passage de l’Évangile qui exprime cette idée de partager la vie de Dieu.

La réponse est plus satisfaisante, écoutons la attentivement »

Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.

 

Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,

Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »