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26ème Dimanche du To A

Fr Jean-Michel Maldamé op

Dimanche 30 octobre 2023 – Matt 21. 28-32

La scène se passe à Jérusalem dans le Temple, sur le Mont Sion où est bâtie Jérusalem. Il y a le sanctuaire, mais aussi des esplanades, des boutiques, des bureaux, des résidences… C’est là que se trouve Jésus. Peu de temps avant, il était entré à Jérusalem, acclamé pour la foule comme Fils de David et salué comme le Messie attendu. Ce jour-là, Jésus avait fait scandale en chassant les marchands qui vendaient les animaux destinés aux sacrifices et renversé les tables des boutiques où circulait l’argent. Jésus y était revenu et il enseignait dans l’espace ouvert où tout le monde avait accès. Nul ne saurait être surpris de ce que les autorités (les Grands-prêtres et les Anciens) s’offusquent de ce comportement et lui demandent de quel droit il agit ainsi.

Le récit de Matthieu nous montre un renversement. Mis en examen, Jésus pose des questions sur le comportement de ses juges. Il le fait en touchant un point sensible : il se réfère à Jean-Baptiste. Vous connaissez les faits. Lorsque Jean a annoncé la venue imminente du Règne de Dieu, il y eut une grande émotion car il annonçait le Jugement dernier dans sa radicalité. Jean a fait plus qu’annoncer cet événement ; il a inventé une pratique alors insolite : le baptême, c’est-à-dire l’immersion dans l’eau qui purifie le corps et la repentance qui purifie le cœur et l’âme – geste qui permet de recevoir le pardon de Dieu. Quoi de plus simple ? Quoi de plus nécessaire ? Simple, car la purification du corps en se plongeant dans l’eau est toute naturelle et universelle. Simple, parce qu’il s’agit de poser un acte sincère en demandant pardon pour ses fautes ; c’est accessible à tous. Simple, mais nécessaire car cela engage tout l’être : le cœur, le corps et l’esprit ! La proposition de Jean suscita un grand mouvement – l’évangile note que « tout le peuple allait vers Jean-Baptiste » : tous, sans préalable – à commencer par les plus méprisés, les prostituées et les trafiquants. Jésus lui-même a poursuivi la voie ouverte par Jean.

Quand Jean et Jésus à sa suite ont ouvert les portes du Royaume des cieux sans préalable, les rôles se sont renversés : ceux qui étaient officiellement serviteurs de Dieu étaient comme le fils de la parabole : son père lui demande un service, il dit oui, mais il ne fait rien. Par contre, celui qui a refusé, se ravise et rend le service demandé !

Pour bien comprendre le propos de Jésus, je m’attache à l’expression employée par Jésus : « Le chemin de la justice » c’est-à-dire ce que Dieu veut en nous donnant la vie à vivre. L’expression dit deux choses. D’abord, le statut d’une vie où se réalise pleinement notre désir : justice car il s’agit que chacun vive dans le respect des faits et de tous ceux qui sont avec nous sur le chemin de la vie. Jean est venu dans le chemin de la justice non pas la justice des hommes, mais la justice de Dieu. Cette justice est pratiquée dans la plus extrême rigueur, c’est-à-dire l’amour inconditionnel. L’amour de Dieu est inconditionnel : il faut le recevoir : la preuve ? Les publicains et les prostituées, hommes et femmes dans la détresse précèdent les notables au cœur de pierre et satisfaits d’eux-mêmes. Leur cœur de méprisés s’est ouvert à la parole de dite par Jean-Baptiste et confirmée par l’amour de Dieu dont Jésus est la manifestation.