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6ème dimanche du TP B

P Michel Mournier

Jn 15. 9-17

Demeurez dans mon amour. L’évangile de ce jour est plein de termes qui expriment la stabilité.
Au verbe demeurer s’ajoute garder les commandements et l’expression « Je vous ai mis à cette place ». Mais où faut-il demeurer ? Dans mon amour, répond Jésus. Nous retrouvons l’évangile de dimanche dernier ou il était question de rester branché sur la vigne, de demeurer dans le Christ. Cette insistance signifie qu’en un sens les disciples sont arrivés. Ils ont atteint la demeure de Dieu, le lieu du repos après une longue marche. Nous sommes arrivés ! Et il est vrai qu’on ne peut dépasser ce « demeurez dans l’amour du Christ ».
Cependant le verbe est à l’impératif, car, libres, nous pouvons toujours quitter cette maison, quitter sa place, sortir de l’amour. L’amour qui, pour exister, doit se choisir sans cesse. C’est vrai dans l’amour humain, tous les jours dire « je t’aime ». Il n’est jamais donné une fois pour toutes
Qu’est-ce donc que demeurer dans l’amour du Christ ? Observer mes commandements, dit-il. Or dans le récit, les commandements au pluriel deviennent commandement au singulier. Il est de nous aimer les uns les autres. Les commandements ne sont pas inutiles car ils disent chacun à sa façon ce commandement unique. Ainsi l’amour par lequel nous demeurons dans le Christ n’existe que par et dans notre amour mutuel. L’amour humain, conjugal, parental, filial, fraternel, amical est en même temps amour de Dieu. Tout amour authentique est de Dieu, source unique de l’amour. Amour de Dieu qui passe par l’amour de ses œuvres, et au sommet de cette œuvre récapitulant tout, l’homme, homme et femme. Un jour, nous entendrons : chaque fois que vous avez aimé, c’est moi que vous avez aimé.
Qu’est-ce donc qu’aimer ainsi ? Pour moi je n’ai pas trop de mal à aimer mes amis, ceux qui partagent mes combats, mes joies et mes angoisses. L’Évangile nous dit : « donner sa vie pour ses amis ». Mais le problème est que Jésus nous dit que les amis sont ceux dont nous nous approchons pour en faire nos amis. Le déplacement vers celui qui est loin pour lui donner notre vie, lui donner un espace où il puisse exister, se tenir debout. C’est cela l’amour à la manière de Dieu. Toute l’Ecriture est le récit du déplacement de Dieu vers nous, pour faire en nous sa demeure et pour que nous trouvions notre demeure en lui. C’est un paradoxe de l’évangile, nous apprenons que nous sommes établis pour que nous allions et que nous portions du fruit. Et ce fruit, à son tour demeure. Dieu le premier s’est déplacé et s’est établi. Puisse ce chemin devenir le nôtre, chacun à sa mesure.