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Saint Joseph 2021

Fr Jean-Michel Maldamé op

Lc 2, 41-51a

Saint Joseph vient à nous. Il nous présente deux visages  importants pour la vie du peuple chrétien et pour la foi en Jésus-Christ.
Le peuple chrétien d’abord. Saint Joseph est très populaire. (Au Vietnam, la plupart des chrétiens portent ce prénom…) Pourquoi, sinon parce qu’il présente un visage en rupture avec les misères de la vie conjugale – surtout celles qui sont portées par les femmes. Le mariage dont rêvent les jeunes filles n’est pas toujours à la hauteur de leurs espérances. Le mariage d’amour est chose périssable. J’ai reçu un jour confidence d’une jeune femme quelques mois après avoir célébré son mariage. Elle me disait sa difficulté de vivre par l’expression : « Mon mari est entré en mariage comme on entre en pays conquis ». De fait, le langage commun pour dire le mariage est celui de guerre à commencer par l’emploi du mot « conquête ». Or le peuple chrétien célèbre Joseph comme « époux de la Vierge Marie » ; cela représente la figure d’un mariage où la femme est respectée dans la tendresse et la fidélité, dans la responsabilité et le partage de la même espérance et de l’unité dans le même regard sur la vie dans une foi partagée. C’est pour cette raison que le peuple de Dieu aime saint Joseph : avec lui se manifeste la bonté de Dieu et sa fidélité de Père à l’Alliance conclue avec ses enfants. Le grand déballage actuel sur les abus et violences sur les enfants montre que la dévotion à saint Joseph ne cesse d’être d’actualité. C’est sans doute une motivation de la Lettre apostolique du pape François.
Ce n’est pas sentimental ! C’est la volonté de Dieu et le fruit de la grâce ! La figure populaire de saint Joseph s’appuie sur le nom de Joseph. En effet, la Bible nous enseigne ce qu’a vécu Joseph, le fils de Jacob et de Rachel sa bien-aimée. Joseph a été victime de la jalousie et de la violence. Mais par sa sagesse, cet exilé devenu intendant de l’Égypte. Il devint ainsi le sauveur de son peuple. Cette figure ouvre sur le destin de saint Joseph que nous honorons aujourd’hui.
La deuxième figure présentée par le patriarche Joseph est l’essentiel du passage de l’évangile de Matthieu lu à cette messe. Il sert de préface à l’évangile. Il insiste sur le fait que Joseph est fils de David. C’est plus que son nom de famille ; c’est une mission. Ce n’est pas n’importe quelle famille, mais celle qui est concernée par la promesse faite à David : dans sa descendance viendra celui qui sera le Sauveur, le Messie. Joseph n’est pas seulement un modèle pour le mariage et une figure exemplaire de paternité, il est porteur de l’espérance de la venue du Règne de Dieu. Il a conscience d’être un maillon de la chaîne et il reçoit la nouvelle qu’il sera le dernier, celui qui tiendra l’enfant promis dans ses bras et veillera sur son enfance et sa croissance « en sagesse et en âge ». Ainsi Joseph n’est pas d’abord l’humble charpentier que l’on a loué, mais celui qui a vécu dans l’espérance dont témoigne toute la Bible. Il est acteur pour l’avènement du peuple de Dieu.
Joseph voit dans l’enfant qui naîtra dans son foyer le sauveur attendu depuis les origines pour réconcilier l’humanité avec Dieu. Dire que Joseph est « juste » n’est pas seulement un brevet de moralité : c’est dire qu’il porte en lui la grande espérance du salut et qu’il consent à y prendre part. Il porte cette espérance non pas comme un étendard qui rassemble les foules, mais dans la discrétion et la fidélité de tous les jours : l’humble fidélité qui est notre quotidien.
Oui. Nous fêtons saint Joseph comme un appel à vivre le présent dans la confiance et la paix si raide que soit le chemin montons avec lui à la lumière.