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1er Dimanche de Carême B

Le Ciel pour horizon !

Fr Pascal Marin op

Mc 1. 12-15

Il y a un an notre entrée en carême se faisait à moins d’un mois du premier confinement. Et voilà que depuis un an, nous avons vécu à l’heure, et nous y sommes toujours, d’une grande incertitude. Incertains de l’avenir, incertains des possibles, incertains des orientations à prendre. Nous vivons, et pas nous seulement, et pas nous peut-être le plus dans cette société, et ce monde dont nous sommes solidaires, nous vivons l’épreuve d’une désorientation.

Et c’est dans ce contexte incertain, désorienté, que s’opère cette année notre entrée en carême.Mais paradoxalement, ce sont là sans doute les conditions idéales pour un carême, celles qui le rendent d’autant plus nécessaire et urgent. Puisque le carême, c’est dans le cycle liturgique, le moment annuel d’une salutaire réorientation.

Ce que l’évangile appelle une conversion. Se convertir, c’est se réorienter.

Faire le point. Et remettre le cap vers l’essentiel.Vers ce mystère essentiel, où nos vies puisent leur force et leur sens. Et que nous appelons, sans bien savoir clairement ce que nous disons par-là, du Nom très mystérieux de “Dieu”.
Et nous resterions paralysés par le mystère, incapable de nous y orienter, sans les paroles et l’exemple du médiateur, notre chemin vers Dieu, le Christ-Jésus qui nous adresse aujourd’hui son appel : « convertissez-vous et croyez à l’évangile » Oui, se convertir, c’est à nouveau, de manière neuve : croire à l’évangile.

Voilà pour nous le mot d’ordre d’une réorientation en ce début de carême.

Et l’évangile, avant même les quatre récits et recueils de la vie de Jésus et de ses paroles, c’est d’abord et avant tout une certaine saveur d’exister, aux couleurs d’une bonne nouvelle, selon le mot même d’évangile.
Laisser la vie être pénétrée d’une heureuse tonalité d’espérance.
Nous réorienter en ce début de carême, c’est mettre à nouveau avec Jésus le cap sur l’espérance.

Mais j’entends l’objection : facile à dire ! Et comment faire ? Quand ce qui domine, c’est le doute, l’incertitude, le pessimisme.
Il y faut bien-sûr des moyens, çà n’a rien de magique.
Et si Jésus peut nous appeler à nous tourner aujourd’hui vers l’espérance, c’est de s’y être lui-même converti au fil d’un rude combat spirituel, dont saint Marc nous présente en quelque mots les étapes, comme un protocole pour vivre aujourd’hui l’espérance.

Il y faut d’abord l’Esprit, l’Esprit saint.
Celui-ci nous a été donné, comme pour Jésus, à notre baptême.
Mais l’Esprit est libre, il est en nous suprême liberté. L’Esprit ne s’impose pas, mais à l’appel du désir, il ne résiste pas, il vient.
Et il pousse alors au désert. C’est-à-dire à la simplicité d’une existence allégée de tout le fatras de l’inutile, du superflu, de ce qui divertit de l’essentiel.

Et c’est à se retrouver alors au désert confronté à soi-même, que les tentations se révèlent. Et avec elles, la tentation des tentations, le désespoir.
Voir notre désespoir en face dans la lumière critique de l’Esprit, avec son horizon de Ciel, c’est s’en libérer, pour l’espérance, pour le Ciel, pour Dieu.

Voilà ce que nous apporte Jésus pour vivre ce carême.
Que le sacrement, où il nous rencontre, conforte en nous cette pensée.