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4ème Dimanche de l'Avent B

Père Michel Mounier

Lc 1

La naissance c’est l’expérience humaine la plus courante, avec la mort. Après avoir mis au monde un enfant, chaque père et mère s’interrogent sur l’avenir de leur bébé. Ils lui ont donné la vie, mais pour autant leur enfant n’est pas terminé.
Qui sera-t-il ? De quoi sa vie sera-t-elle faite ? Quelle personnalité se forgera-t-il ? À la fois espérance et un peu d’inquiétude devant le long processus d’engendrement à lui-même qui va faire d’un bébé une personne.
Il y a une exception, c’est Jésus ! Au moins selon l’Évangile. En Jésus la personne est première. Et cette personne s’incarne dans une vie humaine. Le Christ Jésus ne naît pas d’abord selon la nature et les lois humaines, biologiques. Il existe avant même qu’il ne devienne. Sa nature humaine « respire » sa personne divine. Elle en est le sacrement.
Nous comprenons mieux alors pourquoi la maternité de Marie n’est pas d’abord une maternité de la nature, avec Joseph, mais une maternité de la personne de Dieu en personne. Selon l’Esprit qui est Dieu.
Seule parmi les mères, et les pères, Marie ne peut avec un contact réel avec son Fils que d’abord à travers sa personne divine. Car Marie est née du Christ avant que le Christ ne naisse d’elle. C’est le mystère. Aussi la vie et la maternité de Marie sont d’abord une expérience spirituelle. Cette mère devra s’ajuster à ce mystère avant même que l’ange lui annonce le mystère si inattendu de l’incarnation du Verbe de Dieu.
Nous voici emmenés dans le projet de Dieu pour l’humanité et la création.
La conception immaculée de Marie signifie qu’elle est tout entière rapportée à Jésus et au mystère de sa personne. Elle est remplie du mystère de Dieu. Aussi l’ange la dit remplie de grâce.
D’une certaine manière Dieu va aider Marie à être elle-même et à entrer dans le projet d’incarnation du Fils.
Cette maternité va se constituer dans la pauvreté. Marie, dans sa petitesse, sera toujours disponible à Dieu. Tout en elle vient de Dieu. Et cependant tout est pleinement humain.
C’est là le mystère de Dieu qui entre en humanité.
Voilà Marie. Mais son aventure nous atteint encore aujourd’hui. Dans le long processus d’accouchement à nous-mêmes, nous pouvons nous aussi rencontrer Dieu en personne. L’incarnation du Fils nous permet de trouver Dieu agissant dans notre personne au plus profond de notre condition humaine, dans son épaisseur et ses obscurités. Nous voici alors appelés à être des personnes spirituelles, comme Marie, même si c’est autrement.
L’éternité de Dieu entre en nous et y demeure… éternellement. Car il faut bien que nous devenions éternels pour que Dieu soit avec nous, tel qu’il veut être Dieu, tel qu’il est. Lors de notre Pâque nous serons nous aussi remplis de grâce. En attendant, l’éternité de Dieu se déploie d’ores et déjà dans notre vie pour révéler qui nous sommes vraiment, fils et filles de Dieu. Non pas parce que nous sommes chrétiens. Mais parce que nous sommes hommes et femmes. Notre privilège de croyant, c’est de savoir que nous sommes fils et filles de Dieu, d’en vivre et de pouvoir dire : Notre Père.