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4ème Dimanche de Carême C

Père Michel Mounier

 Je suis la lumière du monde 

Jn 9. 9, 1.6-9.13-17.34-38

Il y a abondance, et même surabondance, trop plein peut-être. Revoyons dans nos têtes les livres, les sessions sens, quête de sens, se retrouver, pleine conscience, développement personnel. De naissance, l’homme ne sait pas où il va, ni comment y aller. Il tâtonne dans la nuit et heurte les pierres du chemin. Alors quand Jésus vient nous dire : « Je suis la lumière du monde », nous pouvons être surpris. La lumière, ce qui m’éclaire et me permet de marcher sur un chemin sûr, ce n’est pas une idée, une théorie, des convictions, un dogme, c’est quelqu’un, un être humain comme moi. Comme le Christ récapitule tous les hommes, nous pouvons dire : ma lumière c’est l’autre. Parce qu’en tout autre il y a le Christ. En ces temps de confinement, où beaucoup sont angoissés, déprimés, nous réalisons d’avantage que nous sommes des êtres sociaux. Que la solitude est difficilement supportable quand elle n’est pas choisie, qu’elle n’est pas une façon particulière d’être en communion. Si nous trouvons notre lumière dans les autres, c’est parce que nous discernons en chacun d’eux la vocation et la possibilité de rejoindre «  la taille de la plénitude du Christ » comme le dit la lettre aux Éphésiens.
Aveugle de naissance donc. Comment parvenir à la lumière ? L’aveugle de l’Évangile est d’abord passif. C’est Jésus qui se déplace pour aller à lui, qui fait de la boue, ce qui rappelle le récit de la création, et la lui applique sur les yeux.
L’homme aveugle n’est pas sourd. Il entend la parole qui lui demande de bouger, de marcher, d’aller se laver, avec le baptême en filigrane.
Guéri, le voilà en butte à l’hostilité et à l’incrédulité de l’entourage. Était-il vraiment aveugle, est-il vraiment guéri, le thérapeute est-il légitime ? L’ancien aveugle fait presque figure d’accusé « tu es plongé dans le péché depuis ta naissance ». Mais cet homme n’a pas encore rencontré Jésus. Il ne le « voit » qu’à la fin du récit : « Tu le vois et c’est lui qui te parle ». Jusque là, il voyait pour la première fois tout, sauf la source de la lumière.
L’évangéliste nous raconte notre propre histoire. Nous aussi nous ne verrons Jésus qu’à la fin. Nous aussi il vient nous trouver. Nous aussi il nous demande : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Mais contrairement à l’aveugle guéri, nous ne pouvons voir Jésus en chair et en os. Nous sommes quant à nous sous le régime du « croire sans voir ». C’est le statut de l’aveugle pendant tout le récit. « Tu le vois, c’est lui qui te parle » lui dit, nous dit Jésus. Comme il a dit à la Samaritaine « Je le suis moi qui te parle ». Nous n’avons pas sa présence physique. Mais comme eux eux, nous avons sa Parole, nous avons même sa Parole faite pain. « Je le suis moi qui te parle. » « Tu le vois, c’est lui qui te parle. »