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20ème Dimanche du TO - B

Frère Dino Quartana op Paris

Jn 6. 51-58

Cet évangile nous met au coeur du drame de l’Incarnation, du drame du Verbe fait chair que les siens n’ont pas reconnu, du drame du désir de Dieu de rejoindre l’homme, qui ne peut pas être accueilli sans la liberté de l’homme, le drame même de notre foi.
Quelques lignes avant l’évangile que nous avons lu, saint Jean nous rapporte ces paroles de Jésus: “Amen, amen, je vous le dis: vous me cherchez non pas parce que vous avez vu des signes mais parce que vous avez mangé ces pains et que vous avez été rassasiés“. Il avait multiplié les pains… et ils voulaient le faire Roi.
Ça a été cela, le drame du ministère de Jésus: des miracles, des signes qui finalement n’étaient pas compris comme signes de quelque chose de plus grand, des signes destinés non pas à combler une faim passagère, ou à redonner la santé, mais des signes destinés à susciter une foi en lui. “Je suis le pain vivant descendu du ciel, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement”. Il voulait, il veut nous donner la vie.
Il avait donné des signes de vie, il avait sauvé la fête de noce en transformant l’eau en vin, il avait guéri, il avait nourri les foules… mais c’étaient des signes d’une vie plus grande, plus définitive, d’une vie éternelle qu’il voulait nous donner. “Je suis le chemin, la vérité, la vie“… C’était la vie du Verbe qui s’était fait chair. La vie c’était la chair du Verbe de Dieu.
Le pain que je lui donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde“. Le don de sa chair, c’est le don de lui-même, le don du Verbe qui s’est fait chair. Il voulait être avec nous au plus profond de nous-mêmes, au plus profond de notre chair. Et dans l’annonce de ce don de soi-même, il ira jusqu’au bout, jusqu’à susciter le scandale. “Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle”.
Et alors que beaucoup de disciples le quittent à cause de ces paroles, Pierre lui dit: “Seigneur, où irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle“. Toi, tu as les paroles de la vie éternelle, de la vraie vie, de la vraie vie qui commence maintenant car “la vie éternelle, nous dit Jésus, c’est que vous croyiez”.
Finalement, ce qui nous aide à ne pas nous arrêter aux signes, c’est le désir d’une vraie vie; de la vie qui peut nous donner Jésus; de la vie qui est Jésus. C’est cela l’oeuvre que Dieu nous demande. “L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.”
Ce qui nous fait comprendre le vrai sens des signes est notre désir…; désir d’une vie véritable, désir d’une vie jaillissante, d’une vie capable de traverser nos douleurs et nos incertitudes, une vie capable de reconnaître dans nos moments joyeux le don de Dieu. Désir d’une vie qui ne peut être qu’une présence créatrice autour de nous-mêmes, la source de la vie, cette vie qui est Jésus, qui se donne entièrement à nous, dans son corps et dans son sang.
C’est ce désir, le désir de cette vie qui a permis à Pierre de dépasser le scandale, d’accepter le signe du corps et du sang comme le signe de cette présence.
C’est notre désir de vie qui va donner tout son sens à ce sacrement que nous allons célébrer.
C’est ce désir de vie qui nous fait adhérer au Christ qui se donne.
Mais c’est toujours ce désir qui nous le fait reconnaître dans les signes qui nous sont donnés dans le quotidien de notre vie : le pardon fraternel…la joie d’une communion et finalement notre vie même reçue comme un don.