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16ème Dimanche TO - A

Fr Maxime Allard op Canada

23 Juillet 2017

Matt 13.24-30

Le Seigneur nous offre une « belle espérance » : après la faute, la conversion. Cette espérance, il la fait entendre à répétition tout au cours de l’histoire du Salut. Le Christ Jésus en est, par sa vie, sa mort et sa résurrection, une belle illustration. L’Église a repris le flambeau. Elle annonce cette espérance. Elle en vit. Elle désire que le plus d’hommes et de femmes possible en vivent!
Mais une espérance, pour durer et croître, doit être soutenue. Le désir qui s’y love doit être nourri. Car, aussi belle soit-elle, une espérance, c’est fragile. D’autant plus fragile qu’on peut la faire tomber, faire tomber qui l’entretenait. C’est si facile de maintenir quelqu’un dans son péché, de lui bloquer l’accès à l’espérance, de boucher son avenir, de l’enfermer dans une image de soi qui le condamne à la répétition indéfinie de sa faute. Il y a toujours quelque expert pour plonger son frère ou sa sœur dans le désespoir. Parfois, même, on y parvient très bien seul! Triste réalité.
L’espérance demande donc à être soignée, entretenue, fortifiée. Pour ce faire, pour nous aider à le faire, Jésus a multiplié les paraboles sur le Royaume de Dieu, sur ses rythmes, ses temps, ses horizons. Dans l’Évangile selon saint Matthieu, sept sont alignées. Chacune à sa façon a pour tâche de nous révéler cette « belle espérance », de nous y faire croire, de nous faire en vivre. Le Royaume de Dieu est un lieu de croissance, de relèvement, de résurrections…
Mais la « belle espérance », l’espérance divine, de la conversion possible, nous ne l’entendons qu’à partir de nos histoires personnelles, des espoirs qui nous portent déjà, des chutes dont nous avons été victimes, de celles que nous avons causées ou dont nous avons été témoins. Dans ce cas, toutes les paraboles ne nous parlent pas toujours. À certains moments, une devient limpide alors que jusque-là elle ne nous disait rien. C’est qu’entre temps, quelque chose a été vécu, nous a marqué, a accru notre confiance ou nous a traumatisé…
Pour ma part, le bon grain et l’ivraie, cela ne suscite pas d’espérance en moi. Elle ne résonne pas de manière à soutenir mon désir du Royaume. Intellectuellement, j’en vois la pertinence, la justesse. Mais bon, ce n’est pas ce genre de « film » qui me touche. Mais ces mondes divisés en bons et méchants, avec des finales apocalyptiques, cela en aide beaucoup à se laisser convertir, à tenir dans l’espérance, à lui donner des mots. Tant mieux. Je rends grâce à Dieu de cela.
De même pour la graine de moutarde. C’est beau. Mais cela ne me touche pas. Je comprends cependant que certains de mes frères et de mes sœurs puissent être excités par la perspective d’un « royaume » qui soit plus grand que le reste, qui abrite les « oiseaux ». Mais ce type de lyrisme n’a pas prise sur moi. Je me réjouis cependant que cette parabole puisse stimuler des hommes et des femmes à espérer la conversion!
Par contre, le levain dans la pâte me fait vibrer. Mon grand-père, un énorme géant, faisait son pain. Ma mère, sa fille, aussi. Tous deux nous faisaient participer au processus. Enfants, nous regardions la pâte lever. Nous attendions avec plaisir – avec trépignation – le moment où nous aurions le droit de donner un coup de poing ou deux dans la pâte levée. Tous s’affaissait, « s’effoirait ». Puis, à bien guetter la pâte, cela remontait, gonflait à nouveau… Je ne lisais alors ni l’Évangile ni ne faisait de la théologie, mais lorsqu’on m’y a mis, tout de suite, j’ai compris. Cela m’a parlé et résonné en moi. Depuis, cela soutient mon espérance…
Au baptême, l’Esprit du Christ ressuscité a été injecté en nous, comme du levain. Il soutient notre mouvement, nos prières, nos gestes, notre annonce du Royaume. Des coups, nous en recevons. Nous nous affaissons, nous tombons. Mais de l’intérieur, l’Esprit Saint insuffle de l’énergie, du mouvement. Et nous nous relevons; nous pouvons même devenir pour nos frères et sœurs du levain qui les relève…
Nous allons communier… à du pain sans levain! Ironie liturgique. Mais le Corps du Christ ressuscité est vivifiant. Avec l’Esprit donné au baptême, il nous soulève, nous relève, nous gonfle pour que nous vivions et partagions cette « belle espérance »! Laissons-nous relever, convertir…