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16ème Dimanche du TO - C

Frère maxime Allard op

17 juillet 2016

Luc 10,38 – 42

En ce temps-là…. Ce temps-là, pour Jésus, c’était celui de la montée à Jérusalem. C’était le temps d’une route difficile, dangereuse mais lucidement et résolument acceptée. Les Samaritains avaient refusé de recevoir Jésus et les siens. Au fil de la montée vers Jérusalem, l’opposition des scribes et des pharisiens augmente : on cherche désormais à le faire taire pour de bon ! Il y avait de quoi craindre pour lui et ses disciples. Et cela était sans compter les brigands et autres bandits des grands chemins qui pouvaient vous dévaliser, vous rouer de coup et vous laisser pour mort le long du chemin…
Sur cette route mortifère, Jésus a posé la figure d’un samaritain, d’un homme bon qui choisit de secourir une victime de la route descendant de Jérusalem : il s’était fait le prochain de ce blessé et avait pris soin de lui… parce que ce blessé était là, qu’il l’avait vu et qu’une personne blessée requiert attention et soin.
J’aime entendre l’Évangile qui vient d’être proclamé dans la suite du geste du bon samaritain. Marthe, occupée à bien recevoir Jésus, à l’accueillir chez elle, Marthe attentionnée… est une bonne samaritaine pour Jésus qui s’est approché d’elle et des siens. Il est harassé, fatigué par la route. Elle lui offre de quoi refaire ses forces, reprendre vie. Elle s’engage à son service pour qu’il vive, monte à Jérusalem et y offre sa vie pour l’humanité…
Marthe, Bonne Samaritaine ! À sa manière, elle s’approche de Jésus ; elle lui veut du bien ; elle lui fait du bien.
Pourtant Marie, sa sœur, se voit louée, elle qui n’est qu’assise aux pieds de Jésus, sans rien faire… sans rien faire d’autre que l’écouter.
Et, immédiatement, nos vieux réflexes sortent : il faut hiérarchiser, choisir ! Marie, la contemplative, est meilleure que Marthe, la fourmi laborieuse. Un style de vie en surclasse un autre… Et si nous laissions cela de côté pour aujourd’hui.
Marie se fait proche de Jésus, à sa manière. Et cette manière nous révèle peut-être un autre aspect important de ce que c’est que de se faire le prochain d’un autre…
Étrangement, l’évangile du bon samaritain se passe sans dialogue entre le samaritain et le blessé. Marthe accueille Jésus sans lui parler ou l’écouter. Le bon samaritain et Marthe savent ce qui doit être fait dans quelles circonstances. Tant Marthe que le bon samaritain savent comment s’approcher, comment aider, comment rendre vie, comment soutenir. Ils le font et ils le font bien. Très bien même.
Mais si l’Évangile invitait à creuser un peu plus cette approche de l’autre, de la victime. Si Marie, alors, devenait la figure de ce surcroît, gratuit menant à un service évangélique. Elle se met à l’écoute du Christ, lui qui est déjà victime des conspirations pharisaïques et qui sera LA victime sur la Croix, à Jérusalem, la victime dont le Père se fera si proche au matin de Pâque qu’il le ressuscitera. Marie ne sait pas comme Marthe et le bon samaritain… Elle se fait simple écouter, peut-être espère-t-elle apprendre ?
Dans ces conditions, on pourrait dire que l’accueil évangélique commence pas l’écoute de la victime, de la personne blessée, fatiguée de la route de sa vie. Premier pas pour être proche de qui s’est approché de nous ou nous est tombé dessus. Premier pas pour entendre la voix de l’autre, ses râles ou ses paroles sensées, peu importe. Premier pas pour savoir comment panser une plaie, offrir un plat, un lit, une présence.
En Jésus Christ, Dieu a commencé par regarder la misère de son peuple, par écouter ses cris et ses larmes. Puis il s’est approché pour servir, pour nous servir une bonne nouvelle qui redonne vie et espérance, pour stimuler nos imaginations afin d’inventer les gestes qui nous feront prochains les uns des autres.
En ce temps-ci, en notre temps, écouter les victimes et les personnes éclopées par la vie serait alors l’occasion d’entendre le Christ et sa Parole ! L’écoute qui mène au service est pour nous l’occasion de vérifier la qualité de notre écoute de la Parole !
Pour y méditer, soyons prochains les uns pour les autres autour de la table eucharistique. Le Christ nous y attend. Nous y reprendrons des forces. La route est encore longue…