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14ème Dimanche du TO - C

Frère Bernard-Dominique Marliangeas op

3 juillet 2016

Luc 10, 1-12.17-19

Ce début d’été est marqué par une météo orageuse en bien des domaines. En quoi cet évangile peut-il rejoindre ce que nous vivons ? Certes pas en nous donnant des solutions toutes faites là où nous avons à exercer nos responsabilités de citoyens.
Nos amis britanniques, à peine sortis des urnes, commencent déjà à déchanter et, de leur côté, les responsables européens sont bien à la peine…
L’évangile ne donne aucune orientation politique immédiate ; mais le chiffre de 72 indiqué par Luc est très significatif pour un lecteur de la bible : il renvoie aux 72 peuples de la terre recensés dans le livre de la Genèse (Gn 10). Ainsi, à travers les 72 disciples, c’est à chacun de nous que les paroles du Christ sont adressées.
De ce point de vue, je retiendrai trois traits du récit de Luc qui sont comme des orientations de fond.

Il y est question de ne pas se soucier de faire des réserves ; d’être messagers de paix ; de ne pas se vanter ni se décourager, mais de se réjouir en Dieu.
Je voudrais donc les reprendre pour, avec vous, découvrir un peu ce qu’ils impliquent.

Quand Jésus invite à n’emporter « ni bourse, ni sac, ni sandales », de quoi s’agit-il ? Une application « à la lettre » de ces consignes a fait des ravages dans le monde franciscain : on s’est disputé – et séparé – pour des questions de sandales ! Triste lecture…
Quant au sens véritable de ces consignes, c’est un petit garçon qui m’a mis sur la voie, lors d’une célébration familiale dans un lieu de vacances. Il nous a dit : « C’est très simple ! Si Jésus demande à ses disciples de ne rien emporter, c’est pour qu’ils soient obligés de demander. »

Voilà qui nous ouvre au véritable horizon de l’évangile. L’annonce de la bonne Nouvelle n’est pas une aumône que nous pourrions faire aux autres, nous les chrétiens ; la joie et la paix de l’évangile ne peuvent naître que d’une vie partagée où l’on reçoit tout autant que l’on donne !

La seconde consigne, celle d’être messager de paix, s’en trouve éclairée d’une manière décisive.
La paix n’est pas une chose toute faite. Elle est toujours à faire. Mais, pour qu’elle se réalise, encore faut-il que ma proposition de paix soit accueillie – ce qui est loin d’être toujours le cas ! –
Jésus n’invite pas à être naïfs : le porteur de paix est, bien souvent, « comme un agneau au milieu des loups ».

Nous arrivons, ici, à la troisième consigne de Jésus. Il invite à ne pas s’obstiner bêtement à résoudre immédiatement toute situation, mais à rester ferme : il faut « appeler un chat, un chat ». Un échec est un échec ; mais ce n’est pas une condamnation.
St Luc, reprend dans son récit, l’une des phrases qui résument, chez Matthieu et Marc, toute la prédication de Jésus. « Le règne de Dieu s’est approché de vous. » En fait Matthieu et Marc ajoutent une seconde phrase : « convertissez-vous et croyez à la bonne Nouvelle. » En effet, ce qui est dit dans la première phrase est loin d’être évident !
Le « règne » – ou le « royaume » – de Dieu (deux traduction du même mot grec), qu’est-ce à dire ?
Et en quoi peut-on reconnaître qu’il s’est approché ?
Jésus, par ses paroles et par ses actes, révèle que ce n’est ni un territoire – ce dont rêvent encore nos frères juifs -, ni une récompense – ce que pensent beaucoup de bons pratiquants – ; c’est une façon d‘être, une façon de vivre accordée à l’amour de Dieu, une vie où Dieu et l’homme sont réconciliés. Et c’est le fruit de la présence de l’Esprit Saint en nous. Jésus en est lui-même la réalisation parfaite et, quoi qu’il en soit de la météo, c’est à cette vie qu’il nous invite chacun, personnellement.
A nous de la vivre, pour notre joie et pour la sienne !