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4ème Dimanche du TP - C

Père Michel Ferradou (Grenoble)

17 avril 2016

Jean 10,27-30

* Il y a bien un mystère de l’appel que Dieu ne cesse d’adresser à celles et ceux qui gardent leur cœur ouvert à la nouveauté, à l’imprévu de ses desseins sur eux. Car toute la Bible met en relation des appels et des réponses, des propositions divines et leur réception humaine, parfois dans la discordance et souvent dans la joie d’un accord harmonique. Nous pouvons, les uns et les autres, en témoigner, nous qui tous sommes appelés à prier pour que les personnes, et les communautés, soient et demeurent à l’écoute de l’Esprit, en cette année de l’appel et de la miséricorde. Mystère de la transmission, des relais, et de l’écoute, de la vérification du dessein de Dieu sur nous.
* L’Esprit Saint parle souvent aux personnes ou aux communautés à travers des témoins, pour autant qu’ils savent ne pas contraindre leurs auditeurs, mais en appellent à leur liberté. C’est l’exemple de Paul et de Barnabé à Antioche, disant « puisque vous rejetez la Parole de Dieu, nous nous tournons vers les nations païennes ». Et le texte ajoute que les païens étaient dans la joie, et que tous ceux qui étaient »destinés » à la vie éternelle devinrent croyants. Mais non, la vocation n’est pas un destin au sens courant du mot, elle est un accomplissement. Et le mot grec employé par les Actes des Apôtres signifie « trouver une place appropriée », ici aux désirs et qualités de chacun.
* Nous avons aussi entendu les conditions d’un épanouissement de l’appel reçu « l’Agneau sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie », ces baptisés dont le sang du Christ a teint, non en rouge mais en blanc, les tenues. Ils ont revêtu le Christ par le baptême dans sa mort et sa résurrection, ils l’ont confirmé dans les épreuves de leur vie personnelle et commune, ils le célèbrent dans les liturgies de la terre, et celle du ciel entrevue par Jean. Une vocation ne peut avoir d’autre matrice que l’Eglise, pas d’abord l’institution ecclésiale, mais le peuple bigarré des témoins et des martyres chez qui Dieu a établi sa demeure, dit encore le texte.
* Comprenons par là que nous nous édifions les uns les autres, dans la fidélité à la Parole reçue, entendue et assumée. Ce qui ne fait pas de nous un banal troupeau, mais une communauté riche de ses différences, mise en communion par l’unique berger, et unifié par la direction commune qu’il lui imprime. Aucun de nous n’est semblable et pourtant nous marchons ensemble, c’est la définition d’une Eglise synodale, dans laquelle la diversité des appels de Dieu peut rencontrer le cœur approprié à chacun d’eux : « mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais » dit le Seigneur, qui ajoute « et elles me suivent », ce pour quoi nous prions ce matin.
* Car nous le savons bien, ce n’est pas si simple, cette suite du Christ, dans un monde pétri de relativisme et de matérialisme, dans une intériorité parfois assaillie de doutes et de tentations. Et pourtant, c’est lorsque tout pourrait sombrer en nous ou dans nos communautés, que se manifeste un regain de fidélité et de foi, un renouveau de générosité, un printemps de l’Eglise. La clé de ce mystère est dans l’Evangile : « Personne ne les arrachera de ma main ». C’est la Parole conjointe du Père et du Fils qui nous l’affirme et qui nous le promet. Oui, dépassons le brouillard des apparences , et reconnaissons-le : nous sommes entre de bonnes mains.