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3ème Dimanche du TP - C

Frère Rémy Bergeret op

10 avril 2016

Jean 21,1-19

Frères et soeurs, ce qui me frappe toujours dans les récits d’apparition du Ressuscité, c’est l’extraordinaire ’solution de continuité’ entre ce que Jésus a vécu avec ses disciples dans son ministère et ce qu’Il manifeste une fois Ressuscité. Ainsi ils ont été appelés au bord du lac
de Tibériade et Il leur apparaît au bord du même lac ; ils étaient pêcheurs de poissons, il les convoque à une pêche miraculeuse et ils
seront pêcheurs d’hommes.
Alors, même si au début de ce récit, “ils ne savaient pas que c’était Lui”, à la fin “ils savaient que c’était le Seigneur”. Le signe et sa
présence ont opéré comme une transformation de leur regard. Oui, leurs yeux se sont ouverts, leur intelligence et leur coeur aussi. La pêche
miraculeuse, ô providence ! va fourni le poisson pour le repas car une telle rencontre ne pouvait s’achever, symboliquement, que par un repas.
Ici, de même il y a du pain et du poisson comme pour la multiplication des pains en Jean 6. Mais il y a en plus cette pêche surabondante(ce
qu’indique le chiffre 153 et cette pêche est menée par Pierre, à qui s’adresse le dialogue étonnant de la fin de l’évangile, un dialogue qui
mérite quelque explication que la traduction liturgique ne rend pas.
En effet, le français n’a qu’un verbe ’aimer’, alors qu’il y en a 2 en anglais (like/love), 2 dans le grec des évangiles (agapé/philia). Par deux
fois, Jésus interroge Pierre en lui demandant s’il l’aime de charité(agapé) et Pierre répons dans le registre de l’amitié (philia).
Alors, la 3ème fois, Jésus dans une grande prévenance, se met à son niveau ; l’agapé sera pour plus tard.
Ainsi la mission de Pierre ’Sois le berger de mes brebis’ sera fondée non seulement sur son amitié pour Jésus, mais sur la charité qui est
première. Cette charité, Pierre n’en est pas encore capable, mais il le sera à l’approche de la mort, dans le martyre “quand un autre te mettra
la ceinture…”. Par ailleurs, cette mission est englobée dans la suite du Christ(expression chère aux religieux et consacrés) et le ’suis-moi’
résonne comme un écho inclusif du 1er appel au bord du lac de Tibériade.

Quelles leçons spirituelles retenir de cet évangile très riche ?
1) la bonté, l’amour, la miséricorde de Dieu est à l’image de cette pêche miraculeuse : infinie, comme l’exprimait bien St Bernard “la
mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure”. Là où nos gestes d’amour sont souvent chiches, petits, mesquins, l’Écriture nous rappelle avec
force que Dieu est grand, magnanime, riche en miséricorde. L’année jubilaire nous stimule à expérimenter -entre autres- le pardon et la
réconciliation à grande échelle, très grande échelle.
2) et puis, le dialogue de Jésus avec Pierre où il teste, éprouve ses sentiments à son égard et surtout sa fidélité nous invite à l’humilité :
ne jouons pas avec Dieu, ne soyons pas prétentieux ; nous sommes faibles, de petits objets fragiles. Mais, comme dit St Paul “C’est alors que je suis faible, que je suis fort”. Non de ma propre force, mais de la force de l’Esprit saint qui agit en moi. Invoquons encore et encore l’Esprit
saint en ce temps qui nous prépare à Pentecôte car sans lui, nous ne pourrons être des témoins authentiques du Christ Ressuscité ! Amen.