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Présentation du Seigneur 2014 A

Frère Rémy Bergeret o.p.

2 février 2014

Luc 2, 22-40

Marie et Joseph ont respecté les traditions de la 1ère alliance et ils le manifestent en ce jour clairement pour l’Enfant-Jésus. Cela dit, on peut s’interroger sur le sens réel de leur démarche. Que signifie consacrer un enfant qui est déjà consacré totalement à Dieu dans l’Esprit saint depuis sa conception ? La même question s’était déjà posée pour le Baptême il y a trois semaines : Jésus n’avait certes pas besoin d’être baptisé, mais ‘il fallait accomplir toute justice’.
La vraie réponse réside sans doute avec cette épiphanie dans le Temple de Jérusalem, lieu majeur, central de la religion juive et la reconnaissance publique par une autorité spirituelle, le vieillard Syméon. Il s’agit bien d’une mise en pleine lumière, c’est pourquoi cette fête est si lumineuse. Pour Marie et Joseph, c’est aussi l’entrée dans leur vie d’éducateurs d’un être unique, qui restera avec eux trente ans environ, quelle grâce !
En attendant, le vieillard Syméon a une parole forte, il prophétise : il reconnaît dans l’Enfant-Jésus le salut, son Sauveur, en écho avec l’annonce des anges aux
bergers à la crèche. D’ailleurs, il s’appelle Jésus, c’est-à-dire ‘Dieu sauve’. Et cette révélation est d’emblée universelle, elle concerne tous les hommes de bonne volonté : en effet, le peuple d’Israël et les nations, c’est l’humanité entière. Il est, oui, la gloire d’Israël, son plus beau fruit et Il est lumière pour guider les nations encore dans les ténèbres de l’ignorance vers la vérité.
En même temps, Syméon annonce que cette grande joie sera mêlée, mélangée à une grande douleur, pour Marie en particulier : voir mourir son Fils en croix. Mais c’est le lot de toute existence humaine. Ainsi, frères et sœurs, dans la vie de Jésus, la Gloire et la Croix sont liés dès les débuts de son existence. De même, à sa suite, notre vie n’est pas un long fleuve tranquille : la pesanteur et la grâce cohabitent, les joies et les peines, les grandes épreuves et les réussites. C’est notre condition humaine finie, limitée. Cela dit, dans l’évangile de cette fête comme ailleurs, c’est bien la Joie qui domine et l’emporte. La Joie aujourd’hui encore partagée par des milliers de communautés religieuses ou consacrées, qui se veulent autant de foyers rayonnants de charité.
C’est dans ce contexte qu’après le Synode dur la vie consacrée(1994), Jean Paul II a souhaité que la Présentation du Seigneur devienne la grande fête annuelle de la vie consacrée. Nous savons par nos anciens (P.Ranquet), que la consécration baptismale et la consécration religieuse mènent un même combat. Par l’Esprit saint de notre baptême et de notre confirmation, nous sommes tous consacrés au Seigneur, à son service et députés à rendre témoignage de notre foi. Le mystère joyeux de la Présentation vient donc nous stimuler, nous donner une énergie nouvelle pour les diverses missions qui attendent chacun d’entre nous. Sur ce point, nous ne sommes pas séparés du monde, ni mis à part dans l’Eglise, comme un corps spécial d’élite dans l’armée. Notre vie consacrée –religieuse ou non- dans sa radicalité évangélique est là pour signifier que l’Amour de Dieu est capable de susciter un engagement total, absolu au service du Christ et de l’Eglise. Cela est vrai et juste et bon, rendons grâce à Dieu ! Amen.