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Le boeuf et l’âne, la chair et l’esprit ...

Fr Philippe Dockwiller op

26 Octobre 2009

La chair a ses rythmes.
Et nous les connaissons : l’automne a saisi notre région, nous avons changé d’heure ce dimanche.
La chair a ses rythmes et nous sommes pris dedans.
Aussi quand Paul nous dit que nous n’avons pas de dette envers la chair, il dit comme une évidence. La chair est nôtre, nous y sommes. En revanche, nous sommes en dette envers l’Esprit. Si nous avons fait un jour l’expérience de comprendre, nous savons quelle est cette fulgurance de l’intelligence “j’ai compris”, qui défie tous les rythmes connus auxquels nous sommes soumis.
Le chef de la synagogue aujourd’hui interprète la loi de manière charnelle, c’est à dire en la réduisant aux rythmes de la chair : six jours pour travailler, un septième pour autre chose. A bien y regarder pourtant, Jésus travaille à l’oeuvre la plus laborieuse en ce jour de sabbat. Il enseigne. Et l’enseignement vise la transformation des esprits, et avec Jésus, enseigner va de pair avec la transformation des corps et leur libération.
Alors cette femme, dont la chair est prisonnière depuis dix-huit années, il faut que l’enseignement la transforme, et c’est ce que Jésus opère. La souveraineté de l’Esprit consiste à transformer les rythmes de la chair, à les conduire ailleurs, à leur donner leur vraie dimension et leur but.
Il a tout faux, le chef de la synagogue quand il veut juguler la puissance de l’Esprit qui traverse tout et que rien n’arrête, pas même dix-huit années de souffrance et de mobilité réduite. Il a tout faux.
Le premier lieu, son intelligence, n’est pas transformé. Comment pourrait-il comprendre que l’Esprit, envers qui nous sommes en dette, peut aller jusqu’à transformer les corps ? Jésus est Maître du Sabbat, il exerce la souveraineté de son Père, et il le fait à notre bénéfice, nous prenant là où nous sommes comme nous sommes, nous si souvent pareils aux boeufs et aux ânes. Et il nous détache – même le jour du sabbat, précisément le jour du sabbat – pour nous mener boire et nous abreuver aux sources de l’Esprit.”