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Celui qui met la main à la charrue...

Fr François-Dominique Forquin op

22 septembre 2006
« Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu » : Voilà un évangile qui résonne comme un vibrant appel à aller de l’avant ! En somme un bon évangile pour se mettre en route !
Aller de l’avant…pas si facile ! Vous l’avez entendu, quand le Christ appelle à aller de l’avant, quand il appelle à sa suite, on lui répond : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père » ou encore : « Laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison ». ça n’est donc pas si facile d’aller de l’avant…et je crois que Dominique a connu lui aussi les heures de grand désarroi, où il lui était sans doute difficile d’aller de l’avant . Je pense particulièrement à ces dix années passées en Languedoc avant la fondation de l’Ordre où Dominique prêchant dans un climat de croisade locale fût au bord du découragement…Difficile donc d’aller de l’avant…Alors qu’est-ce qui fait que Dominique a pu tenir dans ces moments difficiles, qu’est-ce qui fait que malgré sa peur et la menace du découragement, il ait pu continuer à prêcher sans relâche jusqu’à fonder un Ordre de Prêcheurs ? Je crois que l’évangile que nous venons d’entendre nous donne une réponse : à l’instar des hommes de l’évangile, Dominique est un homme qui a résolument quitté la maison de son père parce qu’il a trouvé un Père qui veille sur lui et lui communique sa propre vie…sa vie ? Pas d’abord une question de biologie ou de chromosomes partagés mais une vie partagée que Dieu veut te communiquer à toi aussi ici et maintenant si tu veux !
Pour autant , avoir une telle assurance d’avoir Dieu pour Père qui veille sur nous, ça n’est pas une sorte de blindage qui nous rend tout à coup invulnérable à toute situation traversée. Nous serions alors tellement sûrs de nous que nous ne serions plus capables de nous laisser toucher par ceux qui nous entourent . Au contraire, je crois que c’est parce que Dominique a su recevoir Dieu comme Père qu’il a su reconnaître dans les affamés de Palencia des frères, les fils du même Père que lui et il a voulu leur révéler le visage de ce Père qui aime ses enfants et veut leur communiquer sa propre vie ! Oui, à Palencia, Dominique ne peut plus se rabattre sur son petit nid douillet : « les oiseaux du ciel ont des nids », il ne peut plus se terrer dans son terrier : « les renards ont des terriers », mais son coeur est sans repos : « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête », tant que les affamés de Palencia, ses frères, les fils du même Père que lui, n’ont pas été nourris à satiété !
Oui, Dominique a d’abord été un homme déchiré de compassion, je crois que tel l’homme à la charrue de l’évangile, il a su se baisser vers cette terre et tel un bon agriculteur, il a su la ramasser et la laisser glisser entre ses mains pour la respirer : comme elle sent bon notre terre ! Dominique a su travailler cette terre, l’aérer, y passer la charrue pour qu’elle porte du fruit…si le courage nous manque donc de travailler cette terre, si le courage nous manque d’aller de l’avant, que la vie si dynamique de Dominique dont nous allons faire mémoire pendant ces neuf jours, nous donne, s’il en était besoin, ce petit coup de zou, pour relever nos manches et mettre à notre tour nos mains à la charrue !