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2ème Dimanche de Pâques B

Fr Alain Durand op

Jn 20. 19-31

L’histoire de Thomas est emblématique. Il est devenu vraiment la figure de celui qui a besoin de
voir pour croire. Or c’est là un point de vue assez étrange parce que par ailleurs dans la Bible il
nous est dit plusieurs fois qu’on ne peut croire qu’en ce que l’on ne voit pas. Alors, comment se
fait-il que Thomas soit loué en finale parce qu’il croit, et il croit parce qu’il a vu. On nous dit aussi
des autres apôtres qu’ils croient parce qu’ils ont vu le Christ ressuscité . Pourtant, dans la Bible, à
plusieurs reprises, il nous est affirmé que la foi a précisément pour objet ce que l’on ne voit pas :
si on voit, on fait un constat, on n’a pas à faire une démarche singulière pour accéder à la vérité.
Si on voit, on est dans l’évidence.Ici, par exemple, nous nous voyons les uns les autres. Nous
avons pas besoin d’avoir la foi pour voir notre voisin. Dans l’évangile, tout semble se passer
autrement, on nous dit des apôtres qu’ils croient et on nous dit qu’ils croient parce qu’ils ont vu le
Christ ressuscité. Après sa mort, ils étaient tous en déroute dans la tristesse, dans l’incertitude.
Mais voilà qu’une manifestation singulière (Jésus venant au milieu d’eux) leur atteste que le Christ
est vivant : il se montre à eux. Et à partir de ce moment-là, les apôtres cessent d’être dans la
tristesse, ils vont se mettre à proclamer que le Christ est vivant.
Plusieurs fois dans la Bible, il nous est dit que l’on ne peut croire qu’à ce que l’on ne voit pas, on
trouve ça dans l’épître aux Romains, dans l’épître aux Hébreux, dans la 2nde Épître aux
Corinthiens, etc. La chose est claire : Ou on voit, ou on croit, c’est l’un ou l’autre. N’est-il pas
contradictoire de prétendre que l’on accède à la foi parce que l’on voit ? Nous-mêmes est-ce que
nous sommes croyants ? J’espère, comme vous, l’être moi aussi même si c’est imparfaitement
bien sûr, ça c’est évident mais ou nous voyons ou nous croyons, nous ne pouvons pas faire les
deux simultanément. Alors comment se fait-il que Thomas puisse être celui qui se met à croire
parce qu’il voit ?
En fait, si Thomas se met à croire c’est parce qu’il voit bien plus loin que simplement un cadavre
qui aurait repris vie. Croire, ce n’est pas s’imaginer qu’un mort peut de lui-même ou par je ne sais
quel miracle retrouver la vie. Non, ce n’est pas cela. Croire, c’est remettre sa vie entre les mains
de Dieu, croire faire confiance au Christ. Croire, ce n’est pas un constat, c’est une adhésion telle
que la vie du Christ devient la mienne, et c’est bien ce qui se passe avec Thomas, lorsqu’il dit en
finale « mon Sauveur et mon Dieu », il affirme la relation qu’il y a entre le Christ et lui et entre lui et
le Christ et cette relation est vitale, c’est-à-dire qu’elle est source de vie pour lui.
Une phrase de cet évangile me paraît très éclairante. C’est lorsqu’il est précisé : heureux ceux qui
croient sans avoir vu. Je suppose que nous sommes tous ici dans ce cas et nous pouvons alors
dire que nous sommes dans une situation meilleure que celle de Thomas. Nous sommes heureux
parce que nous ne voyons pas et que cependant nous croyons, c’est-à-dire que nous remettons
notre vie au Seigneur dans la confiance en sachant qu’il est là au cœur de notre vie. Oui, frères et
sœurs, l’Évangile, nous le dit aujourd’hui : nous sommes heureux parce que nous croyons sans
voir. Nous sommes heureux, parce que notre foi ne consiste pas seulement en un constat
éventuel concernant un mort ressuscité, mais qu’elle est source de vie pour nous. La foi est un
engagement de notre être dans la vie du Christ ressuscité . L’Évangile nous laisse entendre que
nous sommes dans une situation meilleure que celle de Thomas puisque nous croyons sans voir.
Heureux, sommes-nous, nous qui ne voyant pas, donnons notre vie au Christ. Et c’est par toute
notre vie que nous devons attester que le Christ est vivant.