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4ème Dimanche du To B

P Michel Mounier

Mc 1, 21-28

Tous les sabbats, les gens de Capharnaüm se réunissaient à la synagogue. Des rabbis prenaient la parole et commentaient les Écritures. Jamais on n’avait vu un homme « tourmenté par un esprit mauvais » se mettre à crier. Chez Marc, ce premier récit de miracle tient lieu d’introduction. C’est en quelque sorte un discours programme.

Si Jésus n’enseigne pas comme les scribes qui se réfèrent toujours à des autorités reconnues, c’est qu’avec lui commence quelque chose de nouveau. Il est la parole du commencement qui surgit toute neuve pour une recréation. Son autorité est celle même de Dieu. Certes il se réfère à l’Écriture qu’il accomplit mais il lui donne un sens inédit : « On vous a dit, moi je vous dis ». Les disciples finiront par comprendre qu’il est lui-même cette Parole, devenue personne humaine vivante. La Parole inaudible de Dieu, la Parole que les israélites avaient peur d’entendre comme nous l’a montré la lecture du Deutéronome. Cette Parole s’exprime par les mots et les actes de cet homme-là, Jésus de Nazareth.

Qui donc est-il cet homme ?

Qui donc est-il cet homme ? Ici la réponse est donnée par un « esprit mauvais ». Le mal qu’il y a dans l’homme est le premier à prendre conscience de la visite de celui qui vient le débouter. Ce possédé représente toute l’humanité et chacun de nous. Il y a en nous cette résistance à la guérison. Veux-tu guérir demande parfois Jésus car cela ne va pas de soi. Nous tenons à nos démons. Ils peuvent être notre identité. D’où chez certains une véritable haine pour le Christ.

Pour les contemporains de Jésus, cette haine se déploiera. D’abord la frayeur, puis le rejet, enfin le meurtre.

Oh certes, on trouvera des bons motifs, de préférence religieux, mais il ne feront que masquer le refus fondamental de Dieu lui-même, de cet amour qui fait peur. Somnolence des gens de Capharnaüm endormis par le ronron des scribes dans leur cohabitation avec le mal. La venue, la parole et les actes du Christ provoquent un réveil brutal. Le combat pascal est engagé, on y est plongé d’emblée.

Obéissance des esprits mauvais

« Les esprits mauvais eux-mêmes obéissent ». Jean nous dira que c’est à l’heure pascale que le « prince de ce monde sera jeté dehors ». Le récit de Marc est une anticipation, une prophétie de la victoire finale. Pour cela, il faudra que Jésus, prenant la figure de notre mal soit lui-même « jeté dehors », crucifié en vue de tous, hors des portes de la ville.

Dans le livre du Deutéronome que nous avons entendu, c’est le faux prophète qui doit mourir. Dans l’Évangile, c’est le prophète authentique. Nous pouvons avoir le sentiment d’être submergé par le mal, notre propre mal, les injustices, le racisme et l’antisémitisme, les guerres sans fin.

Et pourtant. Pourtant la victoire est acquise. Parce que le mal, la mort ont été vaincues une fois pour toutes. La Parole de Dieu, refusée et niée depuis toujours, ressurgit de la mort que nous lui donnons. Telle est notre espérance.