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5ème Dimanche de Pâques A

“Dimanche de la Consolation”

Fr Eric de Clermont-Tonnerre op

Jn 14, 1-12

Peut-être pourrions-nous appeler ce dimanche, le dimanche de la consolation !?

Toutefois, une vraie consolation ne se résume pas à ceci : prendre dans ses bras, dire « je suis là », essuyer les pleurs, réconforter et attendre que la douleur, que le chagrin passent …
Une vraie consolation est de l’ordre de la reconstruction : consolation – consolidation !

Or voici : ils sont dans la nuit ; Jésus a pris le repas avec ses disciples ; après le repas, il leur parle longuement et discute avec eux ; au petit matin, Jésus sera arrêté, puis mis à mort.
C’est vraiment la nuit, les ténèbres … Ils le savent.

Les disciples sont habités par le doute, l’incompréhension ; ils sont troublés ! Écoutez-les : « nous ne savons pas … », « comment pourrions-nous savoir ? », « montre-nous le père ! »

Mais Jésus les rassure. Écoutez-le leur répondre : c’est tout l’inverse : « vous croyez en Dieu », « vous savez le chemin », vous me connaissez », « vous connaissez le Père et vous l’avez vu ». Que votre cœur ne se trouble donc pas !

Voilà qui peut être consolant, Jésus nous dit que nous avons tout ce qu’il nous faut pour rester debout dans la tempête, pour traverser les épreuves, les épreuves de ces temps bien troublés dans les familles, dans l’Église, dans la société, dans le monde. Tout, puisque nous avons le Père et le Fils, puisque nous avons le Chemin, la Vérité, la Vie, puisque nous avons une place et une demeure.

Dans le livre des Actes des Apôtres, voilà qui est aussi consolant : nous voyons une Eglise qui s’organise pour que les tâches principales qui lui reviennent (la prière, l’annonce de la Parole, le service des plus pauvres) soient assurées. Mais le plus surprenant c’est ceci : les Douze convoquent l’ensemble des disciples et leur demandent de chercher parmi eux « sept hommes estimés de tous et remplis d’Esprit Saint et de Sagesse ». Eh bien les disciples les trouvent, ils en trouvent sept ! N’est-ce pas extraordinaire ! Sept hommes estimés de tous, c’est déjà bien. Mais sept hommes « remplis d’Esprit Saint et de Sagesse », cela promet à cette petite Eglise encore toute fragile, toute naissante, de beaux jours de solidité et de résistance. Parmi les sept la figure d’Etienne le premier martyr.

C’est bien consolant, n’est-ce pas, de voir ainsi que c’est au cœur même des fragilités de nos situations de nos vies que se trouvent les noyaux durs et résistants des hommes et des femmes justes, emplis de Sagesse et d’Esprit Saint.

Et plus tard voici l’apôtre Pierre, celui à qui Jésus avait dit : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église »… le voici qui se dessaisit de cette prérogative d’être la pierre d’angle de l’édifice, rappelant que cette pierre d’angle c’est le Seigneur Jésus : « il est la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse », rappelant également que, tous, nous sommes les pierres vivantes de l’édifice que Dieu construit et que nous sommes appelés à « annoncer les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. »

Cet édifice, c’est-à-dire ce que Dieu édifie, ce n’est pas une tour de Babel, une forteresse pour se protéger du monde ou du mal, d’où tirer sur nos ennemis, ce n’est pas même un Temple…
Jésus en avait un sous les yeux, où il allait prier et enseigner, mais quand ses disciples lui proposaient d’admirer la beauté des pierres du Temple, la seule chose que Jésus répondait : « il n’en restera pas pierre sur pierre ». Alors, « détruisez ce Temple, et je le reconstruirai en trois jours. »

Ce que Dieu nous a préparé : une maison où il y a de nombreuses demeures,
une place pour chacun, chacun dans son originalité, son chemin propre, son histoire, sa vocation, une maison où personne ne prétend être le Maître, le Chef, où personne ne veut imposer la Vérité, être le Chemin, être le Sauveur, puisque c’est Lui, le Christ, qui est le Maître, Lui qui est le Chef, le Chemin, la Vérité, la Vie. Il est la pierre sur laquelle nous devons construire. C’est là aussi notre consolation !

L’édifice a besoin des pierres que nous sommes, des pierres vivantes, c’est-à-dire pleines de vie, pleine de cette vie contagieuse qui soutient et édifie ceux qui peinent.

Et toute cette tendresse qui nous est donnée… n’est-ce pas là aussi et surtout la consolation véritable… cette tendresse, ces mots de l’aimé à l’aimé : « quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai vers vous et je vous conduirai auprès de moi afin que là où je suis, vous soyez aussi ».

Or il est là et nous sommes là nous aussi. Il est avec nous et nous sommes avec lui. Voilà notre consolation : c’est cette communion avec lui et entre nous.