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Solennité de l'Assomption 2022

Fr Damien Duprat op

Lc 1, 39-56

 

 

La Vierge Marie n’est pas comme nous. La liste de ce qui la distingue du commun des mortels est impressionnante. Elle et elle seule est la mère de Dieu : elle a eu le privilège d’enfanter Jésus, le Fils de Dieu fait chair, et cet enfantement a eu lieu de manière prodigieuse, par la puissance de l’Esprit Saint, puisque Jésus n’a pas de père biologique humain.
En vue de cette mission unique, le Seigneur lui a donné dès le premier instant de son existence un cœur parfaitement immaculé, épargné par la tâche du péché, à la différence de notre cœur à nous. Et Marie est demeurée toute sa vie dans une parfaite fidélité à cette grâce initiale : de tout son cœur, elle a rendu à son Créateur amour pour amour, et elle méditait sur tout ce qui lui était donné de vivre.
Elle s’est associée d’une manière éminente à l’œuvre de salut accomplie par son Fils. À Cana elle lui a signalé que le vin manquait pour fêter dignement la noce, symbole des noces spirituelles du Sauveur avec l’humanité sauvée. Elle s’est tenue debout au pied de la croix où mourait Jésus par amour pour nous. Alors un glaive de douleur lui a transpercé le cœur, et c’est précisément à ce moment-là qu’elle a accepté de devenir la mère du disciple bien-aimé, disciple qui représentait alors chacun de nous, dont les péchés ont mis Jésus en croix. C’est dire la force de l’amour que Marie a pour nous !
Et je n’ai encore rien dit de la fête d’aujourd’hui : l’Assomption désigne cet événement mystérieux par lequel Marie a été introduite corps et âme dans l’intimité de Dieu. Excepté le Christ lui-même, absolument personne n’a bénéficié d’une telle faveur. Depuis ce moment et pour l’éternité, tout son être rayonne de la lumière divine, et elle répand sur le monde les grâces venant de leur unique source qui est le Seigneur ressuscité.
Non décidément, la Vierge Marie n’est pas comme nous.

Et pourtant, d’un autre côté, la Vierge Marie est comme nous ! Comme nous, elle est une créature humaine. Tout comme nous, elle n’a pas par elle-même la capacité de vivre dans la fidélité au Seigneur. Tout comme nous, elle a été aimée de Dieu en premier, avant de pouvoir lui rendre amour pour amour. Tout comme nous, elle ne peut recevoir que de Dieu ce don essentiel qu’est la grâce. C’est une seule et même miséricorde divine qui nous relève après nos chutes et qui a préservé Marie de toute chute.
C’est pourquoi elle n’est pas pour nous une étrangère. En elle, le Seigneur nous montre ce qu’il est en train de réaliser en nous. Il a comblé Marie de sa grâce dès sa conception, mais il veut nous combler nous aussi, peu à peu, de cette même grâce ; tel était le thème du dernier Pèlerinage du Rosaire à Lourdes. Marie est le témoin vivant de la sainteté que Dieu peut déployer dans notre humanité. En la contemplant, nous espérons avec une ferme confiance que Dieu nous donnera toujours à nous aussi sa grâce pour poursuivre notre pèlerinage terrestre dans une foi vivante et agissante. Telle est la condition pour entrer un jour, comme le Christ nous l’a promis, dans sa lumière où nous retrouverons aussi Marie, notre mère du Ciel. C’est notre espérance la plus profonde, l’espérance théologale qui dépasse infiniment tout horizon terrestre. Quant à notre corps, c’est au retour du Christ, à la fin des temps, qu’il ressuscitera pour être réuni à notre âme : ce sera le jour de notre propre assomption.

La Vierge Marie n’est pas comme nous, et pourtant elle est comme nous… Peut-être est-il plus juste de dire qu’elle est déjà ce que nous serons !