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3ème Dimanche de Pâques C

P Michel Mounier

Jn 21, 1-14

Dans la plupart de nos bibles, il est indiqué avant ce chapitre 21 : appendice. Car il y a déjà dans les
versets qui précèdent une conclusion à l’évangile de JEAN. C’est donc un ajout qui a entre autre
comme fonction, en mettant en valeur la figure de Pierre, de servir l’unité de l’église entre les
apôtres et leur suite et la communauté Johannique dont l’évangile est sensiblement différent des
trois autres . Réjouissons nous que l’évangile de JEAN nous ait été donné. Mais laissons cela et
arrêtons nous sur le récit.
Un auteur spirituel a écrit : s’il faut arriver à suivre ensemble le chemin d’évangile, ce ne sera pas
dans un effort violent et unique, mais dans la grande patience du quotidien.
N’est ce pas cette grande patience que Jésus inaugure auprès des siens dans cette troisième
manifestation aux disciples dans cet évangile.
Nous sommes d’abord étonnés .Après ce qui s’est passé d’extraordinaire, la passion, le tombeau
vide, le témoignage de Marie de Magdala, l’irruption de Jésus au milieu de la maison aux portes
closes, voici que les disciples semblent revenus à leur vie d’avant. Étonnant quand même.
Que fait Jésus ? Alors qu’il a accompli de bout en bout l’incarnation de Dieu, il pose les jalons de la
vie ordinaire du disciple au bord du lac. Il fait suivre à ses disciples ce chemin de côtes et de pentes
qu’il a emprunté, cette lente descente vers la plaine du quotidien après l’ascension vertigineuse de
l’extraordinaire. N’est ce pas aussi notre itinéraire, le coup de foudre un jour puis la banalité du
quotidien où il faut tenir , jour après jour. Voilà où nous en sommes après Pâques. Le Ressuscité
s’est donné à portée de main, avec Thomas nous avons plongé dans la réalité de ses plaies, dans
l’intégrité de son corps à la fois blessé et vivant. Alors que nous reste il a faire si nous avons cru, si
nous croyons ? Des choses simples et ordinaires.
Sur les bords du lac, Jésus a fait un feu pour le repas, cuire le pain et griller le poisson. Il a appelé à
table, comme la cloche au monastère, comme dans une famille ou avec des amis : venez manger.
Préparer un repas, être celui ou celle qui nourri jour après jour. L’extraordinaire banalité du
quotidien.
Regardons les disciples, ils ne le reconnaissent pas tout à fait et pourtant. JEAN écrit : aucun
n’osait lui demander qui es tu car ils savaient que c’était le Seigneur. Telle est notre relation avec
lui. Nous ne vivrons pas avec lui des événements extraordinaires mais il s’incarne désormais dans
notre quotidien , sans s’imposer. N’est ce pas la seule chance qu’il puisse nous donner pour vivre
durablement avec nous. Dans la banalité du quotidien ?
Combien de fois fut il là, tout près et combien de fois l’ai-je ignoré ? Combien de fois ai-je déclassé
sa parole au rang des mots de rien, oubliant de m’en nourrir pour vivre ?
Ce jour là, au bord du lac si familier, après l’éblouissement presque aveuglant du matin de Pâques,
voici la lumière en demi teinte du jour ordinaire. Comme c’est extraordinaire que cette fête du
Christ ressuscité puisse épouser, par la grâce de la foi que nous avons reçue, la banalité de nos
jours et la convertir en miracle. Chaque jour, jour de bonheur ou jour de galères, il est là. Que
nous en soyons conscient ou pas, dans la discrétion, le respect infini de notre liberté. Toujours
fidèle, quelques que soient nos propres itinéraires. Fidèle dans son amour pour nous, pour moi