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Solennité de la Sainte Trinité B

Fr Jérôme Rousse-Lacordaire op

Matt 28. 16-20

Nous avons tous commencé cette messe en disant : « au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. » Mais, certainement, bien peu d’entre nous ont alors relevé le caractère paradoxal de cette formule qui énumère trois personnes divines — le Père, et le Fils et le Saint-Esprit —, mais qui, pourtant, met le mot « nom » au singulier, comme si Père, Fils et Esprit étaient des déclinaisons d’un unique nom, lequel n’est pourtant pas dit explicitement.

Pas dit explicitement, parce que c’est sans doute implicitement qu’il est dit. Jésus, en effet, continue : « Et moi, je suis avec vous ». Ici s’entend l’écho d’un autre Nom divin, ou plutôt de deux autres Noms divins : « Je suis », Nom de la première Alliance révélé à Moïse, comme aujourd’hui, sur une montagne ; « avec vous », Nom de la deuxième Alliance révélé à Joseph au début de l’évangile selon saint Matthieu : « Emmanuel, Dieu avec nous ». Plus encore, si l’on traduisait littéralement, dans l’ordre original, le texte grec, nous entendrions : « Je avec vous suis », comme si « avec vous » était le cœur même du premier Nom, « Je suis », la révélation ultime de ce Nom ineffable, ce qui le rend enfin dicible, ce qui l’achève et en donne la signification dernière : une présence totale de Dieu à nous.

L’évangile selon saint Matthieu s’arrête là. Mais nous savons que l’histoire de Dieu avec nous continue : Jésus part, c’est l’Ascension ; l’Esprit descend, c’est la Pentecôte. La présence de Dieu ne se limite plus au corps humain fini de Jésus, mais elle descend sur nous, nous pénètre et nous enveloppe.

Nous devenons nous-mêmes la présence de Dieu, pour la manifester en dévoilant à notre tour le cœur du Nom de Dieu, ce « avec nous » qui nous dit que Dieu est venu au côté de l’homme, a pris le parti de l’homme et qu’il nous veut, nous aussi, sa présence, du côté de l’homme.