33ème Dimanche du To C
Frère Grégoire Abessolo Amoligoli o.p.
Lc 21, 5-19
Sœurs et Frères,
Bien-aimés du Seigneur, je suis heureux de voir l’église de ce monastère pleine. Cela est un signe d’espérance qui nous resitue dans les mots de Monseigneur Alain Planet qui, en introduisant cette Eucharistie nous a rappelé que nous sommes sauvés. Soyons donc heureux de l’entendre. Aussi dis-je, je ne viens pas faire peser la Parole sur vous, semer la désolation en m’appuyant sur la Parole de Dieu de ce jour. Je viens m’aligner au Christ qui nous envoie semer la joie du Salut. Soyons donc détendus et joyeux car c’est cela le dessein de Dieu : nous voir HEUREUX et rayonnants de joie.
Bien-aimés du Seigneur, notre méditation de ce jour se décline en trois moments essentiels : D’abord, un arrêt sur « l’avènement du Seigneur », ensuite une réflexion sur le Paradoxe chrétien de la réalité et enfin un examen de l’excellence de la vie chrétienne.
Commençons par l’avènement du Seigneur. Il revêt une certaine gravité selon que nous nous situons soit dans le commencement de l’année liturgique, soit dans le cours, la période pascale ou alors la fin de l’année. Au commencement de l’année, comme il en sera question dans les prochaines semaines avec le temps de l’avent, nous expérimentons l’ouverture à la grande espérance de la nativité du Seigneur qui se vit dans une attente joyeuse et une préparation qui entraîne toute la société y compris les petits enfants qui comprennent clairement de quoi il est question. Dans le cours de l’année selon l’Écriture nous expérimentons aussi cet avènement : Dieu vient ! Dans le Christ Dieu ne cesse de venir. Dans le Christ Jésus Dieu vient : il vient à Cana, il rejoint les apôtres dans leur quotidien, il s’installe avec les convives, il vient dans le temple et il vient éternellement.
Dans la période pascale, il ne se laisse pas cloisonner. Le Christ mort et ressuscité vient au matin de Pâques à la rencontre des femmes, il se fait présent sur le chemin d’Emmaüs, portes verrouillées, Christ vient et se tient au milieu de ses apôtres. Au bord du lac le Ressuscité vient. Ces différentes venues sont joyeuses.
Contrairement à elles, celle qui correspond au temps que nous traversons à la fin de l’année liturgique se montre d’une extrême gravité. L’avènement du Seigneur est évoqué dans des accents apocalyptiques qui peuvent facilement dérouter et même nous désemparer. Et c’est là que surgit et s’examine le paradoxe chrétien de la réalité.
Contrairement à ceux qui admirent et contemplent la beauté du temple, le génie culturel, industriel et technologique et qui sondent le futur possible, ce qui ne dépend que de la planification divine, Jésus, d’une manière subtile, leur oppose de façon paradoxale le principe de la réalité. Il redéfinit la religion dont l’essence est la vie. Pour le Christ, il n’est pas besoin de sombrer, de s’allonger face aux catastrophes, cataclysmes, ou de développer des théories millénaristes inutiles au salut, il vaut mieux quitter cette superficialité pour s’attacher à l’essentiel, au fondement solide qu’est la Parole de vie, la Parole de Dieu, d’autant plus que cette Parole identifiée dans le Christ nous a tracé le chemin. Christ, mort sur la Croix, n’est pas demeuré dans le tombeau car la mort n’a pas le dernier mot. Christ, mort, est sorti du tombeau vivant. Et pour cela, plutôt que de s’apitoyer sur le sort des hommes ils les invite à la persévérance comme sagesse. Persévérer dans la justice, embrasser le dynamisme de l’Esprit, travailler sans cesse pour que le jour du Seigneur arrive. Ce jour, dans la Sagesse chrétienne nous appelle à plus de consistance.
L’excellence de la Sagesse chrétienne se trouve donc dans ce paradoxe. Saint Paul à la suite du Christ, qui ne contourne pas la réalité montre en effet que le service de la foi en faveur de l’humanité reste la voie royale pour un monde nouveau. Face à la destruction du temple, des structures politiques, culturelles, sociales et familiales, et même de la vie individuelle et collective, puisque Christ annonce la persécution, il est une urgence hâter l’avènement du jour du Seigneur par un service effectif à la justice et à l’amour qui seuls peuvent construire également le monde.
Travaillez !
Vivez !
Car, l’essence de la religion c’est cela : vivre et laisser Dieu s’occuper du Salut. En travaillant calmement en faveur de tous et de la justice nous verrons le jour du Seigneur arriver. Et ensemble nous serons heureux de le voir venir et nous inviter à partager avec lui le grand Festin annoncé par Isaïe.
Relevez-vous
car votre Rédemption
approche !
