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Dimanche de la Pentecôte 2025

8 juin 2025

Actes des apôtres, chapitre 2 : « Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, les disciples se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. Or il y avait, résidant à Jérusalem, des juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient stupéfiés parce que chacun d’eux entendait dans sa langue maternelle ceux qui parlaient […] Dans la stupeur et l’émerveillement, ils disaient : « Comment tous nous les entendons parler dans nos langues maternelles les merveilles de Dieu. »

Dans la belle église où nous sommes réunis, nous pouvons voir deux choses présentes de manière temporaire. La première est le cierge pascal. Il a été allumé pendant la célébration de Pâques. Il représente le Christ lumière du monde. Dressé à la verticale, il symbolise la résurrection et la vive flamme atteste la victoire de Jésus sur la mort. La deuxième chose que vous pouvez voir est l’icône qui se trouve sur le mur (face à notre assemblée). L’image représente la victoire du Christ sur les forces du mal : le Christ prend la main d’Adam et d’Ève pour les arracher à la puissance des enfers ; l’image donne à voir comment la résurrection fonde l’humanité telle que Dieu la veut. Ce cierge et cette image ne sont que des représentations. Tant le symbolisme du cierge que le geste mis en image ne nous suffisent pas. Il nous faut davantage. Dieu l’a promis. Il n’a pas éludé de le faire. Il se donne lui-même d’une manière nouvelle, celle que nous célébrons en ce jour de fête de la Pentecôte.

Dans ce qui advint à Jérusalem et qui nous a été rapporté avec précision par Luc dans les Actes des Apôtres, nous voyons comment Dieu se donne d’une manière nouvelle, qui répond à notre attente et à nos besoins. Dieu se donne comme Esprit Saint. Entendons bien : C’est Dieu lui-même qui se donne. Le don de Pentecôte n’est ni un secours occasionnel, ni une aide circonstanciée. Ce n’est pas un signe ; c’est une réalité. Dieu se donne ; il donne le plus intime de son être, son Esprit qui est lumière et amour. Il l’avait promis à ses disciples. Il accomplit cette promesse au moment où le peuple célèbre la Pentecôte à Jérusalem. Ce jour qui fait mémoire de sa manifestation jadis, il donne ce qui avait été promis dès le commencement.

En se donnant lui-même, Dieu fait advenir deux choses : la première est la foi. Les disciples, comme nous aujourd’hui, croient en un Dieu qui a tenu parole en donnant ce qui était promis. Ce que Jésus avait dit à ses disciples pendant sa vie avec eux et ce qu’il avait dit dans les rencontres après sa résurrection se réalisent. Les disciples peuvent en attester la vérité. Ils le feront en donnant leur vie au temps de la persécution. Il n’y a pas eu l’ombre d’un mensonge dans la parole de Jésus, ni la trace d’une promesse imaginaire sur le mode de l’utopie…. Ainsi Dieu révèle son visage. Il n’est pas comme les chefs d’État au pouvoir sacralisé ou absolutisé, qui donnent au peuple qui les vénère l’illusion que tout leur est permis et qu’ils peuvent abuser de leur droit en usant de la force. Esprit Saint, Dieu se révèle comme lumière et vie. Il n’est pas le dieu d’un seul peuple ou d’une seule tradition religieuse ou culturelle, il est le Dieu de tous. Il est puissance de bonté et de vie, tout à la fois comme un père et comme un frère ; tout à la fois intime et universel. Il est amour qui habite les cœurs et fonde les actions et les travaux qui construisent la paix. Tel est l’Esprit Saint !

En se donnant lui-même l’Esprit Saint fait advenir une deuxième chose : il donne aux disciples le pouvoir de fonder une humanité nouvelle. Attestation nous est donnée par le fait que dans la grande assemblée où sont représentés tous les peuples, chacun comprend l’autre dans sa langue maternelle. La présence de Dieu fait que tous les humains deviennent frères et sœurs, tous solidaires dans une même aventure qui les conduit à la vie éternelle. Comme le rapportent les témoins, les barrières du langage qui séparent les peuples sont surmontées. Une fraternité advient ; elle deviendra universelle. Elle est fondée sur un principe universel, une transcendance qui respecte les singularités et instaure une communion qui assume toutes les formes de vie. En se donnant, l’Esprit saint qui est Dieu fait advenir une humanité nouvelle. Le signe donné sur le moment atteste la capacité de franchir les barrières de langue et de culture.

Fêter la Pentecôte, ce n’est pas nostalgie. C’est recevoir une responsabilité. Une responsabilité dans notre triste temps où la guerre gronde à notre porte et où nous voyons la cruauté s’allier à la sottise, la haine s’allier à la technologie de pointe pour détruire et pour asservir les esprits. L’Esprit de Pentecôte est un esprit de responsabilité pour que le Règne de Dieu advienne. Il ne vient pas sans notre participation. Le moins que nous pouvons faire est de ne pas être complice des injustices et des violences qui déchirent les nations. Nos frères humains, proches ou éloignés dans l’espace, participant de cultures différentes, ont tous droit à la paix et à la qualité de vie qui permette de faire de la vie un chemin où l’on avance dans la dignité. Notre foi n’est pas une évasion dans un monde imaginaire, mais la source d’une présence. L’Esprit de Dieu est là. Dieu se donne. Il est là. Il est amour – cet amour qui est représenté par une flamme – plus elle se donne, plus elle est ce qu’elle doit être : participation à la vie de Dieu.

Jean-Michel Maldamé