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Sts Pierre et Paul 2017

Fr Jérome Rousse-Lacordaire op

29 Juin 2017

Matt 16, 13-19

Prêcher, parler de Dieu, cela ressemble souvent beaucoup à se contenter de faire du bruit avec la bouche afin de parler pour ne rien dire. Jésus nous donne l’antidote à cette maladie trop répandue en nous plaçant devant deux injonctions contradictoires : rendre compte de lui (« Que dit-on du Fils de l’homme ? Que dites-vous de moi ? ») et se taire à son propos (« Il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Messie »). Parler et se taire en même temps. Jésus indique ainsi comme une sorte d’apprentissage de la justesse qui irait de la parole au silence : de la parole comme première approche au silence comme meilleure approche.

En effet, implicitement, notre évangile comprend trois questions de Jésus : 1. Que dit-on de moi ? 2. Que dites-vous de moi ? 3. Que dit le Père de moi ? Les réponses à la première question sont autant d’approximations, vraies, mais incomplètes : Jésus est bien un prophète, celui qui déclare la volonté divine, mais il est plus qu’un messager ; il est cela-même qu’il annonce : Dieu parmi nous. En revanche si la réponse de Pierre à la deuxième question (« le Messie, le Fils du Dieu vivant ») est, elle, tout à fait juste, c’est parce qu’elle est d’abord une réponse à la troisième question : elle est la réponse du Père.

La juste réponse sur l’identité de Jésus ne se découvre pas au bout de nos raisonnements, comme une conclusion logique qui viendrait les couronner. Du prophète humain au Dieu incarné, il y a un saut que seul Dieu peut nous permettre de faire pour autant que, de notre côté, nous avons fait taire nos réponses préfabriquées et nos douteuses élaborations personnelles, pour autant donc que nous ayons reconnu et accepté l’écart entre ce que nous pensons de Dieu et ce que Dieu dit de Lui-même. Alors, et alors seulement, dans cette humilité silencieuse, Dieu peut parler et se dire.