Close

Lundi de la 3ème semaine du TP - 2017

Fr Eric de Clermont-Tonnerre op

1er Mai 2017

Jn 6, 22-29

 

Toutes ces barques ! Elles nous donnent le tournis. Il n’y en a qu’une, puis il y en a beaucoup, elles vont, elles viennent, elles sont vides ou remplies… D’une certaine manière elles représentent nos vies, pleines ou vides, nos vies au désir unique ou aux soucis multiples, à la recherche de Jésus ou de ses dons. Toutes ces barques manifestent beaucoup d’agitations et de questions autour de Jésus le thaumaturge, le prophète.

L’Evangile de ce jour nous offre ce petit dialogue entre Jésus et la foule au sujet des signes qu’il pose, de l’œuvre de Dieu à laquelle il travaille, et des nôtres. La foule est déroutée elle aussi, comme plus tard, après la Résurrection, les disciples d’Emmaüs ! Elle sait que Jésus n’a pas voyagé avec ses disciples dans l’unique barque alors disponible. Mais il a disparu et elle part à sa recherche ; elle le retrouve à Capharnaüm. Elle n’ose demander « comment es-tu arrivé là ? » (nous savons nous qu’il a marché sur la mer pour rejoindre se disciples) ; alors elle demande « quand es-tu arrivé là ? »

On sait, un peu plus haut dans l’Évangile (v. 14), qu’elle avait été tentée de « s’emparer de lui pour le faire roi ». Elle n’arrive pas à s’emparer de lui, mais elle réussit plutôt bien à le poursuivre. Elle voudrait bien assujettir Jésus à ses besoins, l’utiliser à ses propres fins : « Vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ce pain et vous avez été rassasiés.”
Le mot « signe » est très important dans l’Évangile de Jean. Pour les autres évangélistes les actes de puissance de Jésus, les miracles, marquent l’irruption du Règne de Dieu dans l’histoire des hommes. Par ses miracles Jésus accomplit la volonté de Dieu, la victoire sur le faux prince de ce monde. La foi alors précède et rend possible les miracles. “Va, ta foi t’a sauvée !”
Pour saint Jean, le but des signes est de révéler qui est Jésus, « celui que le Père Dieu a marqué de son sceau ». Les miracles pointent sur le Royaume, les signes, sur la personne de Jésus ; ils provoquent les hommes à croire en Jésus, Fils de Dieu, à se tourner vers lui pour être sauvés, non pour obtenir des biens, de satisfactions. Le Signe précède et invite à la foi.

Il s’agit donc de s’attacher à la personne du Seigneur pour lui-même et non pas pour ce qu’il nous donne. « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd mais pour la nourriture qui demeure ; celle que vous donnera le Fils de l’homme ».
Et voilà alors la question : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »

Toutes ces œuvres… que nous faisons ou aimerions faire pour plaire au Seigneur et pour vraiment accomplir sa volonté, être utile à notre entourage, pour être utile en Église. Toutes ces œuvres pour lesquelles, souvent, nous espérons des récompenses, des fruits.
Toutes ces œuvres… “Marthe, Marthe, tu t’agites pour bien des choses, une seule est nécessaire !”
Toutes ces œuvres… mais l’œuvre de Dieu est unique : c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.
Toutes ces barques…
Tous ces pains multipliés… mais un seul compte, le Pain vivant descendu du ciel, le Christ qui s’est lui-même multiplié et se multiplie chaque jour.
Toutes ces paroles répétées… mais une seule est nécessaire : « me voici » prononcée par le Seigneur Jésus quand il est entré dans notre monde ; à son « me voici », comme en écho le “me voici” qu’il attend de nous dans la foi